Merci de ne PAS poster de messages concernant la vente d'un organe et comportant des coordonnées téléphoniques, e-mail, etc. La loi française interdit la vente d'organes.

L’Europe encadre le don d’organes

"L’Union européenne a adopté cet été une directive destinée à encourager le don d’organes, ainsi qu'à normaliser les procédures et la traçabilité.
'C’est la première fois que je vois une directive européenne passer si rapidement', commente le Dr Francis Montané, délégué général aux affaires européennes et internationales du Conseil national de l’ordre des médecins. Devant les risques de transmission de maladies, de pénurie et de trafic d’organes, les pays membres sont parvenus à adopter une directive, parue au Journal officiel de l’Union européenne le 6 août dernier, qui vise à garantir des normes de qualité et de sécurité élevées tout au long de la chaîne, du don à la transplantation. La directive (1) vise ainsi à rendre les organes disponibles sur l’ensemble du territoire de l’UE et à normaliser les procédures et la traçabilité des dons d’organes.
Le sujet est sensible car chaque pays aborde la question à sa façon, en fonction de sa culture et de ses institutions. Alors que le don d’organes va croissant – en France, on est passé de 3211 greffes en 2000 à 4580 en 2009 (2) –, les Etats ont conscience que l’organisation des prélèvements et de tout le processus menant à la transplantation doit s’affiner pour atteindre un rythme plus soutenu, tout en assurant un niveau de qualité optimal. On estime entre 40 et 50 par million d’habitants le nombre potentiel de donneurs au sein des Etats membres.
Vérité au-delà des Pyrénées ?
La directive européenne s’inspire, notamment, de l’exemple espagnol, pays en pointe dans ce domaine depuis 1992. 'L’Espagne a fait le constat que les campagnes d’information du public sont nécessaires mais nettement insuffisantes pour augmenter le don d’organes. C’est ce qui l’a conduite à mettre en place un système très performant', explique le Dr Montané. Avec un taux de 35 dons par million d’habitants, l’Espagne se distingue en particulier par un réseau de coordinateurs de transplantation à trois niveaux: national, régional et hospitalier.
La France, avec un taux de prélèvement de 23,2 en 2009, est également bien placée depuis quelques années, même si ce taux stagne. Comme les ingrédients de la réussite espagnole ont été intégrés au système français, 'les conditions de la directive ne seront pas difficiles à mettre en place en France', assure le Dr Montané, qui estime à deux-trois ans le délai de sa transposition au sein de l’Union. Les problèmes les plus criants sont rencontrés dans les pays entrés récemment dans l’UE. Mais, tempère le spécialiste, 'tous les pays sont très sensibilisés et expriment une forte demande de normalisation en raison notamment des besoins liés à la progression des actes de chirurgie. La transposition de la directive devrait donc être assez rapide.'"
Claire Pourprix
Photo: Couperfield-Fotolia.com
1- Directive relative aux normes de qualité et de sécurité des organes humains destinés à la transplantation (disponible ci-dessous).
2- Source: Agence de la biomédecine.
http://www.espaceinfirmier.com/actualites/detail/31335/l-europe-encadre-le-don-d-organes-br.html

Les CHU de Rennes et de Brest lauréats du premier grand Prix Altran-Cercle Santé Société

"La cérémonie de remise des prix s’est tenue ce jour à Chamonix, à l’occasion de la Convention on Health Analysis and Management 2010 (CHAM 2010) présidée par le Professeur Guy Vallancien, en présence de Jean-Jack Queyranne, Président du Conseil Régional de Rhône-Alpes et de Yves de Chaisemartin, Président-Directeur Général d’Altran.
Parce que l’amélioration de la qualité des soins au quotidien pour les patients et les professionnels de santé est un défi majeur, Altran et le Cercle Santé Société (CSS) ont eu l’idée de lancer cette année le prix 'Innovation et qualité des soins'. Cette initiative résulte du partenariat scellé entre les deux entités et a pour vocation la recherche et le déploiement au niveau national de réalisations ou d’initiatives dans le secteur médical.
Le CREBEN, Centre Régional Breton d’Expertise Neuroradiologique, fondé par les Professeurs Jean-Yves Gauvrit et Michel Nonent des CHU de Rennes et de Brest, associe l’ensemble des compétences radiologiques régionales et les outils technologiques modernes de transmission de l’information pour faciliter le diagnostic et l’expertise radiologiques des maladies du cerveau et de la moelle épinière. Il s’agit de la première organisation commune créée en France entre 2 CHU dans le domaine des technologies de la santé et des systèmes d’information.
L’outil de télé-expertise permet à tout radiologue de Bretagne de recevoir l’avis d’un téléneuradiologue expert dans les 15 minutes suivant sa demande pour les urgences et dans les 6 heures pour les examens non urgents.
Un groupe de 7 téléneuroradiologues experts sur la région s’est constitué parmi les spécialistes des CHU de Rennes et de Brest, structures porteuses du projet. En 2012, l’objectif du CREBEN est d’avoir une couverture 24/24.
Pour Jean-Yves Gauvrit et Michel Nonent initiateurs du projet et experts radiologues au CHU de Rennes et de Brest :
'Nous sommes heureux d’être lauréats du prix Altran-CSS. Cette reconnaissance nous apporte le soutien nécessaire au déploiement de l’outil localement puis dans d’autres régions. En effet la téléexpertise est porteuse d’espoir : actuellement, en Bretagne, seul 1% des victimes d’AVC (accident vasculaire cérébral) bénéficient d’une IRM à la phase aigüe. Ce projet est une composante clé de changement qui essaye de modifier par petites touches l’organisation de la filière de soins.'
Le Prix Altran – Cercle Santé Société les aidera à partager leur savoir-faire avec des projets similaires, à élargir leur cercle aux neuroradiologues libéraux, et à nouer des liens avec les industriels."
Plus d’informations sur www.altran.com/prixqualitesante
A propos d’Altran au service de la santé
"Altran intervient sur l’ensemble de la filière santé depuis la conception et la fabrication de médicaments et de dispositifs médicaux jusqu’aux projets d’optimisation des hôpitaux. Plus de 800 consultants dédiés se mobilisent aux côtés des professionnels de santé au niveau international. Le groupe accompagne les établissements de santé dans leurs projets de transformation en mettant à leur service les meilleures pratiques des secteurs en assistance à maîtrise d’ouvrage, gestion de projet et gestion des flux.
Le Cercle Santé Société est un lieu d’échange regroupant des spécialistes de la santé, des médecins, des sociologues et des économistes, dont le but est de nourrir et favoriser le débat public sur l’organisation et l’économie de la santé."
Photo, de gauche à droite :
Arnaud Coursin (CHU de Rennes)
Professeur Jean-Yves Gauvrit (CHU de Rennes)
Jean-Michel Lacroix (CHU de Rennes)
Professeur Michel Nonent (CHU de Brest)
http://www.altran.com/l-actualite-du-groupe/actualites-focus/?actufocus_id=396

Proposition de loi 2797 - lutte contre le tourisme de transplantation d'organes

Valérie Boyer, députée UMP et cadre du secteur hospitalier, alors que le projet de loi de révision de la loi de bioéthique devrait bientôt être soumis à l'examen de l'Assemblée, vient de déposer dans ce cadre une proposition de loi 2797 : lutte contre le tourisme de transplantation d'organes
N° 2797
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ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
TREIZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 16 septembre 2010.
PROPOSITION DE LOI
visant à lutter contre le tourisme de transplantation d’organes,
(Renvoyée à la commission des affaires sociales, à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)
présentée par Mesdames et Messieurs
Valérie BOYER, Brigitte BARÈGES, Patrick BEAUDOUIN, Marc BERNIER, Gabriel BIANCHERI, Marcel BONNOT, Loïc BOUVARD, Xavier BRETON, Bernard BROCHAND, Patrice CALMÉJANE, François CALVET, Jean-François CHOSSY, Dino CINIERI, Georges COLOMBIER, Olivier DASSAULT, Jean-Pierre DECOOL, Lucien DEGAUCHY, Michel DIEFENBACHER, Jean-Pierre DOOR, Dominique DORD, Yannick FAVENNEC, Jean-Michel FERRAND, Daniel FIDELIN, Philippe GOSSELIN, Michel GRALL, François GROSDIDIER, Jacques GROSPERRIN, Louis GUÉDON, Françoise HOSTALIER, Jacques HOUSSIN, Denis JACQUAT, Christian KERT, Laure de LA RAUDIÈRE, Pierre LASBORDES, Jean-Louis LÉONARD, Geneviève LEVY, Lionnel LUCA, Daniel MACH, Richard MALLIÉ, Philippe Armand MARTIN, Henriette MARTINEZ, Jean-Philippe MAURER, Pierre MOREL-A-L’HUISSIER, Jacques MYARD, Christian PATRIA, Béatrice PAVY, Bérengère POLETTI, Didier QUENTIN, Michel RAISON, Jean-Luc REITZER, Jacques REMILLER, Francis SAINT-LÉGER, André SCHNEIDER, Jean-Marie SERMIER, Michel TERROT, Yves VANDEWALLE, René-Paul VICTORIA, Michel VOISIN et André WOJCIECHOWSKI,
députés.
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
Grâce aux progrès médicaux et à la solidarité des donneurs, la transplantation d’organes est devenue sans conteste l’un des miracles médicaux du 21e siècle. Elle permet de prolonger et d’améliorer la vie de nombreux patients.
Mais elle conduit aussi à des dérives inacceptables amplifiées par la pénurie d’organes. De nombreux rapports révèlent en effet l’existence d’un phénomène alarmant, le tourisme transplantatoire. Des patients-touristes se déplacent au-delà des frontières pour obtenir contre paiement les organes de populations pauvres.
Bien souvent, ces organes sont obtenus sur des donneurs vivants contre leur volonté et sous la menace. C’est le sort tragique des pratiquants du Falun Gong en Chine. En effet, plusieurs enquêtes(1) ont mis à jour l’existence d’un réseau de trafic d’organes prélevés sur les membres de cette communauté dont la persécution perdure depuis de nombreuses années.
Le tourisme transplantatoire, en plus de porter gravement atteinte au principe d’intégrité du corps humain et de non commercialisation de ses organes et produits, alimente ainsi le trafic d’"êtres humains-sources d’organes".
En 2004, l’Organisation Mondiale de la Santé appelait ses États membres à "prendre des mesures pour que les groupes de personnes les plus pauvres et les plus vulnérables soient protégés du tourisme de transplantation et de la vente de leurs organes, en portant une attention particulière au problème majeur du trafic international d’organes et de tissus."
Dans ce contexte, la présente proposition de loi vise à renforcer le système de surveillance et de traçabilité des transplantations comme l’a fait le Canada en 2008.
Désormais, le patient qui subira une transplantation à l’étranger devra fournir avant son retour en France un certificat attestant le don à titre gratuit de l’organe ou de la partie du corps transplanté. L’agence de biomédecine sera chargée de centraliser la réception et le traitement de ces certificats. Par ailleurs, les médecins auront obligation de lui signaler l’identité de toute personne ayant subi une transplantation et qu’ils ont examiné dans le cadre de leurs fonctions. Le croisement de ces données permettra d’identifier les personnes pour lesquelles il existe des motifs raisonnables de croire qu’elles ont été impliquées dans la transplantation d’un organe ou autre partie du corps obtenu ou acquis sans le consentement du donneur ou par suite d’une opération financière, et de les poursuivre devant la justice française.
PROPOSITION DE LOI
Article unique
Après l’article L. 1211-4 du code de la santé publique, est inséré un article L. 1211-4-1 rédigé comme suit :
"Art. L. 1211-4-1. – Le citoyen français ou la personne résidant habituellement sur le territoire français qui subit la transplantation d’un organe ou autre partie du corps humain à l’étranger obtient, avant la transplantation ou au plus tard trente jours après celle-ci, un certificat attestant le don à titre gratuit de l’organe ou de la partie du corps et le fournit avant son retour en France à l’agence de biomédecine.
"Tout médecin a l’obligation de signaler à l’agence de biomédecine l’identité de toute personne ayant subi une transplantation qu’il a examinée dans le cadre de ses fonctions.
"L’ensemble des certificats visés par le premier alinéa et des signalements du deuxième alinéa du présent article sont inscrits sur un registre centralisé par l’agence de biomédecine.
"L’agence de biomédecine signale au Ministère public toute personne dont il existe des motifs raisonnables de croire qu’elle a été impliquée dans une opération financière en vue d’obtenir un organe du corps humain ou ses produits.
"Les modalités d’application de ces dispositions sont déterminées par décret."
(1) Deuxième rapport concernant les allégations de prélèvement d’organes sur des pratiquants de Falun Gong en Chine, David Matas et David Kilgour (31 janvier 2007) – http://organharvestinvestigation.net / http://investigation.go.saveinter.net
Source :
La conférence de presse pour la présentation de la proposition de loi de la députée Valérie Boyer aura lieu le mardi 19 octobre à 16h00. Venez nombreux !

"Découverte : une médecine régénératrice sans cellules souches"

"Le concept de médecine régénératrice ou de thérapie cellulaire repose sur la découverte récente des cellules souches pluripotentes, ces cellules mères à l’origine des différents types cellulaires nécessaires à la bonne marche d’un organisme adulte. De nouvelles découvertes pourraient signer la fin de la recherche sur les cellules souche, et en tout état de cause sur les cellules souche embryonnaires.
Dotées de propriétés plastiques et prolifératives uniques, les cellules souches peuvent être greffées à des fins thérapeutiques pour réparer in situ des tissus ou organes endommagés. Pour cela, il suffit de parvenir à les cultiver et les différentier en lignées cellulaires spécialisées : hépatiques, cardiaques, cutanées, neuronales, ... Il s’agit incontestablement d’un des secteurs les plus passionnants de la recherche biomédicale actuelle, à juste titre source d’espoir pour les médecins ayant en charge des malades souffrant de pathologies et lésions dégénératives.
Comme on le sait, la recherche internationale s’est dans un premier temps massivement orientée sur les cellules souches embryonnaires, ces 'cellules du miracle' ou 'élixirs de jouvence' dont on nous promettait monts et merveilles. Il a fallu rapidement déchanté. Aucun résultat significatif pour la science ou la médecine n’a pu être observé depuis les années 1990. Ces cellules ne souffrent pas seulement d’une accumulation de contre-performances rédhibitoires pour une éventuelle application clinique courante chez l’homme (instabilité, risque mutagène, mauvaise tolérance immunitaire, ...), elles ont également été largement éclipsées par deux 'mini révolutions biologiques' qui ont émaillé la jeune histoire des cellules souches.
Deux révolutions biologiques
La première – on a tendance à quelque peu l’oublier – c’est tout simplement la découverte de l’existence de cellules souches dites adultes, montrant des capacités insoupçonnées dans le pouvoir de générer des entités cellulaires différentes de leur tissu d’hébergement originel. La mise en évidence de cette propriété de différentiation pluripotente est venu briser un dogme qui n’avait jusqu’ici quasiment pas été remis en question : 'une cellule souche issue d’un tissu adulte ne peut donner naissance qu’à une cellule spécialisée composant ce tissu'.
Au sein de ce vaste continent des cellules souches non embryonnaires, l’exemple le plus frappant de cette flexibilité est bien sûr celui des cellules issues du sang de cordon ou du cordon lui-même. L’Académie de médecine a confirmé dernièrement dans un rapport particulièrement éclairant les 'perspectives remarquables' ouvertes par la découverte de ces cellules [1]. Plusieurs études internationales font même état d’essais cliniques probants chez l’homme. Le sénateur de Paris Marie-Thérèse Hermange a d’ores et déjà souhaité que le législateur tienne compte des recommandations de l’Académie en faisant du cordon ombilical un 'enjeu stratégique majeur pour permettre à la recherche française de se maintenir au plus haut niveau dans un contexte de forte concurrence internationale [2]'.
La seconde révolution scientifique de ces dernières années – moins de cinq ans ! – est bien sûr la démonstration qu’il était possible de reprogrammer une cellule adulte en une cellule souche à pluripotente induite, dite iPS (induced pluripotent stem cells), en y introduisant des facteurs de dédifférenciation adéquats. L’idée est ensuite de redifférencier ces cellules souches induites en différentes catégories cellulaires spécialisées, ce que de nombreux labos dans le monde sont parvenus à réaliser, tout en améliorant sensiblement la technique de reprogrammation mise au point par le professeur japonais S.Yamanaka en 2006. Pour l’instant, la France n’a pas réussi à prendre le train en marche de la révolution scientifique des iPS, certainement en raison de l’orientation excessivement idéologique qui plombe les débats récurrents autour de la légalisation de la recherche sur l’embryon.
Vers la fin de l’étape 'cellule souche'
Une troisième 'mini révolution' dans le champ des sciences du vivant est peut-être sur le point de se produire. Le biologiste Albert Barrois en a fait mention à plusieurs reprises sur son blog indépendant sans que cela n’ait suscité le moindre écho dans la presse spécialisée [3]. Il rapporte une première étude parue dans la prestigieuse revue Nature montrant qu’une association de trois gènes bien choisis était capable de transformer des cellules adultes communes comme des fibroblastes en neurones fonctionnels [4]. Baptisées cellules iN en référence aux cellules iPS, ces neurones ont été capables de former des connexions synaptiques en l’espace de moins de cinq jours, et ce avec un taux de rendement de l’ordre de 20 pour cent, très largement au-dessus de ceux obtenus avec les cellules iPS.
Comme le souligne Albert Barrois, la nouveauté de ces travaux menés par une équipe américaine de l’université de Stanford est qu’on n’a pas eu besoin de passer par la case 'cellule souche'. À aucun moment en effet il n’a été nécessaire de reprogrammer le fibroblaste en cellule indifférenciée puis de forcer son destin vers la formation de cellules nerveuses. Il s’agit ici d’un processus de transdifférenciation directe permettant de passer d’une cellule spécialisée à une autre cellule spécialisée. L’idée est donc de garder le concept de médecine régénératrice sans recourir aux cellules souches.
Barrois fait état d’une seconde étude publiée dans la revue Cell qui vient confirmer la possibilité de court-circuiter l’étape 'cellule souche indifférenciée'. En partant de la même hypothèse, une équipe de l’université de San Francisco est parvenue, en utilisant une autre combinaison de facteurs génétiques, à transformer des fibroblastes directement en cellules musculaires cardiaques, prénommées naturellement iCM . Les études réalisées chez la souris ont montré après leur greffe dans le cœur que ces cellules se comportaient spontanément comme des cellules contractiles cardiaques.
Un nouveau paradigme
Quelles leçons tirer de l’ensemble de ces découvertes ? On sait donc aujourd’hui qu’un organisme adulte comprend des cellules souches à flexibilité pluripotente dans chacun de ses tissus, l’exemple emblématique étant celui du cordon ombilical ; que même lorsqu’elles sont déjà spécialisées, il est loisible de les dédifférencier en cellules souches iPS avant de les reprogrammer en cellules d’un autre type ; enfin, qu’il est possible de passer directement d’un type cellulaire à l’autre par un processus de transdifférenciation.
Cette dernière découverte est sur le point de faire définitivement voler en éclat les références intellectuelles de l’ensemble de la biologie cellulaire. Nous sommes tout simplement en train de 'changer de paradigme' comme disent les critiques des sciences. Évidemment, il n’a jamais été aussi inutile qu’aujourd’hui de faire de la recherche sur l’embryon. On peut même se demander si une recherche scientifique exclusivement consacrée aux cellules souches embryonnaires ne va pas constituer dans un proche avenir un handicap sévère dans la course au développement de thérapies cellulaires innovantes. Bref, nous avons tout à gagner à respecter le plus élémentaire principe d’éthique qui est la protection inconditionnelle de la vie humaine à son commencement.
Car les horizons dégagés par ces nouveaux travaux sont évidement extrêmement prometteurs pour la médecine régénératrice. Le fait de s’abstenir de passer par l’étape des cellules souches écarte théoriquement tout danger de prolifération cancéreuse. Ces cellules induites peuvent être par ailleurs issues directement de cellules adultes prélevées chez le malade lui-même, donc parfaitement compatibles sur le plan immunitaire. Elles pourraient avec les iPS dynamiser considérablement la recherche cognitive puisqu’elles constituent de parfaits outils de modélisation des pathologies humaines et de criblage moléculaire pour tester des médicaments, les deux seules justifications que s’obstine à avancer l’Agence de la biomédecine pour continuer à 'faire de l’embryon'.
En complet décalage avec les progrès considérables de la biologie cellulaire observés depuis l’adoption de la loi de bioéthique de 2004, le gouvernement français souhaite assouplir le dispositif encadrant la recherche sur l’embryon et supprimer son caractère expérimental. Alors que les discussions au Parlement sont imminentes, le législateur pourra-t-il faire comme si rien ne s’était passé dans le champ des thérapies cellulaires ?"
[1] Académie nationale de médecine, Les cellules souches du cordon et du placenta : de la recherche aux applications thérapeutiques, Rapport adopté le 26 janvier 2010 au nom du groupe de travail présidé par le professeur d’hématologie Jacques Caen.
[2] www.genethique.org, "Sang de cordon, proposition de loi au sénat", 1er mars 2010.
[3] www.albertbarrois.blogspot.com, 27 janvier et 6 août 2010.
[4] T. Vierbuchen, A. Ostermeier, Z.P. Pang, Y. Kokubu, T. C. Südhof, M. Wernig. "Direct conversion of fibroblasts to functional neurons by defined factors", Nature 463 (2010), 1035-1041.
[5] M. Ieda, J.-D. Fu, P. Delagado-Olguin, V. Vedantham, Y. Hayashi, B. G. Bruneau, D. Srivastava. "Direct reprogramming of fibroblasts into functional cardiomyocytes by defined factors", Cell 142 (2010), 3, 375-386.

Source :
Excellent Article de Pierre-Olivier Arduin !
  ==> http://www.libertepolitique.com/respect-de-la-vie/6253

Chine : Augmentation des prélèvements illégaux d'organes

Selon David Matas, avocat Canadien des droits de l'homme, les transplantations illégales d'organes sont de plus en plus fréquentes en Chine. Il précise que ces organes seraient prélevés sur des prisonniers de conscience.
Source :

Trafic de reins en Afrique du Sud

"Richard Friedland, le directeur de Netcare, le plus grand groupe hospitalier privé sud-africain, a été inculpé pour avoir fermé les yeux sur des transplantations illégales de reins à l'hôpital Saint Augustines de Durban. Cinq médecins, deux membres du personnel et un traducteur israëlien ont également été inculpés le 15 septembre 2010. La cheville ouvrière de ce trafic était l'ancienne responsable des transplantations d'organes de Netcare, Belinda Rossi, aidée de l'Israëlien Ilan Perry.
Entre 2001 et 2002, l'équipe de l'hôpital aurait prélevé 109 reins, transplantés ensuite sur des patients israëliens prêts à payer jusqu'à 120 000 dollars (90 000 euros). Les pourvoyeurs de reins ont d'abord été des Israëliens, qui vendaient leurs organes pour 15 000 euros, puis des Roumains et des Brésiliens pauvres qui ont cédé leurs reins 'au rabais'. C'est un Brésilien de la région de Recife qui a dévoilé l'affaire en 2003 : il avait révélé avoir vendu son rein pour 9 700 euros. Après la transplantation, les documents étaient falsifiés pour faire croire qu'il s'agissait d'un don entre membres d'une même famille ainsi que l'exige la loi en Afrique du Sud.
Le groupe médical Netcare aurait récolté 3 millions de dollars (2,2 millions d'euros) grâce à ce trafic. L'Afrique du Sud est un des pays les plus surveillés par l'Organisation mondiale de la Santé pour son 'tourisme de la transplantation'."
Libération (Valérie Hirsch) 23/09/10
Source :
Genethique.org

France : augmenter le don d'organes

"Du 22 au 25 septembre 2010, les associations Laurette Fugain, Grégory Lemarchal et la Fondation Greffe de Vie se réunissent sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris. Elles veulent promouvoir le don d'organes, alors qu'en 2010 les greffes ont chuté de 1% faute de donneurs. De 2004 à 2009, elles avaient augmenté de 40%.
Au regard de la loi, chacun est donneur potentiel à moins qu'il ne s'y soit formellement opposé en s'enregistrant au registre national du refus ou en le spécifiant à sa famille. 'Afin d'éviter de rajouter de la douleur à la douleur, il faut absolument en parler à ses proches', estime Jean-Pierre Scotti, président de la Fondation Greffe de Vie. La carte de donneur est ainsi progressivement remplacé par le passeport de vie : un ensemble de trois cartes dont l'une est pour le donneur potentiel et deux autres pour ses proches, ce qui donne l'occasion de communiquer sur le sujet en famille.
Les organes prélevés ont une durée de vie très courte : 4 heures pour le coeur, 12 heures pour le foie et 3 heures pour le rein, ce qui exige d'agir très vite.
De son côté, l'Agence de la biomédecine (ABM) propose donc aux établissements de santé, région par région, d'accueillir l'opération : 'Un réflexe pour la greffe'. Il s'agit de sensibiliser et former le personnel hospitalier, qu'il soit administratif, médical ou paramédical. L'opération concerne tout établissement qui accueille des malades susceptibles d'être prélevés ou adressés à un hôpital préleveur. Menée de 2004 à 2009 dans le Grand Ouest où elle a impliquée 66 établissements, elle a suscité une augmentation du nombre de recensements et de greffes. Pour 777 donneurs recensés et 1033 greffes en 2006, on enregistre en 2010 914 recensements et 1104 greffes.
Pour Emmanuelle Prada-Bordenave, directrice de l'ABM, la France doit encore progresser en termes d'organisation pour favoriser le don entre vifs et le don décédé. Le dispositif 'Un réflexe pour la greffe' est lancé aujourd'hui, jeudi 23 septembre 2010, en Champagne-Ardenne, région où ont été réalisées l'an passé 47 greffes sur les 197 patients inscrits sur la liste nationale."
Francesoir.fr (Romain Katchadourian) 22/09/10 - Le Quotidien du Médecin (Stéphanie Hasendahl) 23/09/10
Source :
Genethique.org

Santé - Le don d’organes diminue

"Après plusieurs années de hausse, les greffes d’organes ont diminué en France en 2010. L’opération Cœur de vie qui se tient à Paris jusqu’au 25 septembre entend infléchir cette tendance.C’est une manifestation de grande ampleur à laquelle peuvent assister les Franciliens à partir d’aujourd’hui et jusqu’à samedi. Pour la première fois, les associations Laurette Fugain, l’Association Grégory Lemarchal et la fondation Greffe de vie se réunissent pour quatre jours de spectacles sur la place de l’Hôtel-de-Ville de Paris pour promouvoir le don sous toutes ces formes. L’occasion de revenir sur les greffes d’organes qui, après avoir augmenté de 40 % entre 2004 et 2009, marquent le pas en 2010, fléchissant de 1 %, faute de donneurs.
Et pourtant, du point de vue de la loi, tout le monde est donneur sauf si on s’y est formellement opposé en s’enregistrant au registre national du refus ou en le spécifiant clairement à sa famille. Encore faut-il en avoir parlé avant. En 2009, 32 % des prélèvements d’organes qu’il était possible d’effectuer n’ont pas été réalisés et dans 6 cas sur 10, à cause de l’opposition de la famille. 'La famille essaye d’interpréter les volontés du défunt et c’est le plus négatif', explique Jean-Pierre Scotti, président de la fondation Greffe de vie. 'On ne peut pas imposer le prélèvement mais c’est dommage. Chaque année, 1.000 personnes meurent faute de greffe et chaque année, 1.000 familles refusent que l’on prélève des organes. Il est intéressant de mettre en parallèle les deux chiffres.'
La bataille des chiffres
Un chiffre bien supérieur aux estimations de l’Agence de la biomédecine qui n’avance 'que' 250 personnes. Pour elle, les patients morts après avoir été retirés de liste d’attente parce qu’ils n’étaient plus greffables ou qui ont contracté une maladie sans rapport direct avec le manque de greffe ne font pas partie de ce décompte. 'En même temps, si elles avaient eu une greffe plus tôt, ces personnes n’auraient peut-être pas contracté de maladie', répond Jean-Pierre Scotti quelque peu agacé de cette 'sous-estimation'.
Une fois prélevés, les organes ont une durée de vie très courte : 4 heures pour le cœur, 12 heures pour le foie et 48 heures pour le rein. Lorsqu’une personne est décédée il ne faut donc pas perdre de temps. Parfois les prélèvements s’effectuent sur des donneurs en état de mort clinique. Cela veut dire que l’activité cérébrale est nulle – le patient ne se réveillera jamais – mais les organes fonctionnent encore. Une situation extrêmement douloureuse pour la famille car ces cas de mort clinique interviennent dans des situations violentes comme les accidents de la route. Instinctivement, la famille fragilisée peut donc refuser le don d’organes si le défunt ne s’était pas explicitement prononcé pour.
En parler : la meilleure solution pour tous
'Afin d’éviter de rajouter de la douleur à la douleur, il faut absolument en parler à ses proches, poursuit Jean-Pierre Scotti. C’est la meilleure solution.' La carte de donneur est petit à petit remplacée par le passeport de vie qui est composée de trois cartes. Une pour le donneur potentiel et deux autres pour ses proches. Au-delà de l’aspect matériel, remettre une carte à un proche permet de parler librement du don d’organes et de voir ses véritables choix respectés le jour du décès."
3 sites Internet pour se mettre en relation avec les organismes de collectes d'organes :
- Don d'organes
- France Adot
- Le don, la greffe et moi
Article de Romain Katchadourian

Paris : Traitement d'une maladie génétique héréditaire grave du sang par thérapie génique : une 1ère mondiale

PARIS - "Pour la première fois jeune adulte atteint d'une maladie génétique grave du sang, la β-thalassémie, a été traité avec succès grâce à un protocole de thérapie génique utilisant un nouveau vecteur. Un progrès qui à terme va concerner des millions de personnes dans le monde vivant avec un syndrome thalassémique. Les résultats de cet essai clinique, dirigé par le Pr. Philippe Leboulch et mené par des équipes de recherche sont publiés dans la revue Nature du 16 septembre 2010. Les principaux investigateurs sont le Pr. Marina Cavazzana-Calvo de l'hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP, Université Paris Descartes) et le Pr. Eliane Gluckman de l'hôpital Saint-Louis (AP-HP, Université Paris Diderot) à Paris."
"La thérapie génique mise au point s'avère suffisamment efficace pour que, plus de trois ans après le début du traitement, le patient n'ait plus besoin de transfusions sanguines. Il mène une existence normale alors qu'auparavant il était transfusé tous les mois pour permettre sa survie. Ce premier succès concrétise les espoirs placés dans l'utilisation de la thérapie génique pour traiter les hémopathies. C'est aussi la première fois qu'une thérapie génique efficace est développée pour une maladie génétique aussi fréquente.
La β-thalassémie est une maladie génétique de l'hémoglobine, qui transporte l'oxygène dans les globules rouges, depuis les poumons vers tous les tissus de l'organisme. Il s'agit de la maladie génétique héréditaire la plus fréquente au monde.
Près de 5 pour cent de la population mondiale est porteur d'un gène de globine défectueux. Près de 200 000 enfants naissent chaque année dans le monde avec un syndrome thalassémique, et 1 personne sur 10 000 est diagnostiquée avec cette maladie chaque année au sein de l'Union européenne.
Dans la variété de thalassémie βE/β0, comme dans le cas du patient traité dans cet essai clinique, l'un des gènes de β-globine est complètement silencieux alors que l'autre exprime un taux faible d'une protéine mutée (βE). Cette variété est particulièrement fréquente en Asie du Sud Est et dans les populations immigrantes en provenance de ces pays.
Le traitement habituel repose sur des transfusions sanguines, généralement toutes les 3 ou 4 semaines. En l'absence de ces transfusions le patient succomberait rapidement d'anémie profonde. Mais leur caractère répété apporte un excès de fer qui doit être éliminé par un traitement afin d'éviter des effets secondaires graves et parfois mortels._ Si ce traitement a transformé l'espérance de vie des patients, sa lourdeur altère fortement leur qualité de vie. Quand cela est possible, une greffe de moelle osseuse peut être envisagée chez les enfants et les adolescents, mais cette voix thérapeutique reste soumis à la difficulté de trouver un donneur compatible et à un risque de rejet ou de réaction du greffon contre l'hôte.
Production de β-globine par thérapie génique : un véritable challenge technique
La mise au point d'une thérapie génique est donc un véritable espoir pour les 80 pour cent de malades ne pouvant pas avoir accès à une greffe de moelle. Envisagée depuis près de trente ans, cette thérapie génique représente en réalité un véritable défi technologique. En effet, le gène modifié de la β-globine à transférer est de grande taille. Il doit de plus être intégré dans une grande proportion de cellules souches hématopoïétiques et exprimé fortement et spécifiquement dans les globules rouges.
Afin de permettre d'atteindre un niveau d'expression optimal, les chercheurs se sont tournés vers les vecteurs dérivés du virus d'immunodéficience humaine inactivé, particulièrement efficaces pour transférer de grands fragments d'ADN dans les cellules souches hématopoïétiques. En effet, ces vecteurs sont dotés d'éléments nécessaires pour assurer une très forte expression de la β-globine. Ils comportent également des éléments de sécurisation qui évitent d'une part la réplication du virus et d'autre part l'activation non désirée de gènes du patient autres que la β-globine.
La deuxième étape du processus a consisté à produire à grande échelle des lots de vecteurs pour la thérapie de qualité 'clinique'. Cette étape cruciale pour permettre l'application du protocole chez l'homme dans des conditions de sécurité optimale pour les patients.
L'essai clinique et ses résultats
Après obtention de l'autorisation des autorités sanitaires françaises (Afssaps) en 2006, un essai clinique de phase I/II pour la thalassémie a été lancé sous la direction scientifique du Pr. Leboulch. Le premier patient thalassémique est entré dans le protocole en 2007. Ce jeune homme âgé à l'époque de 18 ans, d'origine Thaïlandaise et Vietnamienne, était dépendant depuis son enfance de transfusions mensuelles pour rester en vie.
L'étape importante de transduction des cellules a été réalisée dans le Département de Biothérapie de l'Hôpital Necker-Enfants Malades (AP-HP) par le Pr. Marina Cavazzana-Calvo et le Pr. Salima Hacein-Bey-Abina qui possèdent une grande expérience dans ce domaine. Elle a consisté à prélever les propres cellules de moelle osseuse du patient et à les corriger ex vivo par transfert d'une version fonctionnelle du gène déficient à partir du vecteur produit par le laboratoire du Pr. Leboulch en collaboration avec la société bluebird bio. Les cellules ainsi corrigées ont ensuite été réinjectées au patient. L'essai clinique a ensuite été poursuivi à l'hôpital Saint-Louis (AP-HP) sous la responsabilité clinique du Pr. Gluckman. Le Dr. Françoise Bernaudin de l'hôpital Intercommunal de Créteil a assuré le suivi du patient. 'L'insertion par thérapie génique d'une copie du gène de la β-globine a permis, au bout de quelques mois, aux cellules d'exprimer la β-globine thérapeutique à un taux suffisamment élevé pour que le patient n'ait eu besoin d'aucune transfusion depuis plus de deux ans ! C'est une avancée historique dans le combat contre cette maladie', explique le Pr. Cavazzana-Calvo, qui sera pour la suite de l'essai l'investigateur principal clinique. Le Dr. Bernaudin qui a suivi le patient depuis sa petite enfance a ajouté 'C'est merveilleux de voir que la vie de ce jeune homme a changé de cette manière : il est maintenant libre de transfusions et de chélation du fer par perfusions, et a un emploi en CDI à plein temps dans un restaurant. Nous arrivons même à lui faire des saignées régulièrement pour accélérer l'élimination du fer toxique qui s'était accumulé depuis des années à cause des transfusions.'
Dans le suivi post-thérapie génique, une analyse génomique très pointue a été effectuée en collaboration avec le Pr. Frédéric Bushman de l'Université de Pennsylvanie à Philadelphie pour s'assurer de l'absence de risque à long terme lié à l'insertion du gène thérapeutique dans l'ADN du patient. 'Nous avons ainsi observé que parmi les clones cellulaires génétiquement modifiés, l'un d'entre eux est dominant (HMGA2), produisant environ 3 pour cent des cellules nucléées sanguines. Ce clone reste stable depuis sa découverte il y a un an. Même s'il faut rester prudent, à ce jour ce clone reste sans conséquence hématologique délétère' souligne le Dr. Emmanuel Payen, chercheur Inserm dans le laboratoire du Pr. Leboulch.
A la vue de ces résultats particulièrement prometteurs, en janvier 2010, l'Afssaps a autorisé l'inclusion d'un nouveau patient et la poursuite de l'essai. L'Association Française contre les Myopathies (AFM), qui a déjà contribué à ce projet grâce aux dons du Téléthon, va collaborer avec le promoteur bluebird bio pour la poursuite des essais cliniques sur les maladies génétiques de la globine et pour le développement de ces thérapies au service des patients. En parallèle, un accord de collaboration a été signé en novembre 2009 avec la Thaïlande pour étendre l'essai clinique à ce pays pour lequel la β-thalassémie représente un véritable problème de santé publique avec plus de 3000 naissances par an d'enfants atteints de cette maladie. La société bluebird bio envisage aussi à brève échéance l'extension de l'essai aux Etats-Unis, où d'autres groupes de recherche académiques sont en passe de débuter leurs propres essais cliniques de thérapie génique lentivirale pour le traitement des hémoglobinopathies."
Référence : Transfusion independence and HMGA2 activation after gene therapy of human β-thalassemia, Marina Cavazzana‐Calvo, Emmanuel Payen, Olivier Negre, Gary Wang, Kathleen Hehir, Floriane Fusil, Julian Down, Maria Denaro, Troy Brady, Karen Westerman, Resy Cavallesco, Beatrix Gillet‐Legrand, Laure Caccavelli, Riccardo Sgarra, Leila Maouche‐Chrétien, Françoise Bernaudin, Robert Girot, Ronald Dorazio, Geert‐Jan Mulder, Axel Polack, Arthur Bank, Jean Soulier, Jérôme Larghero, Nabil Kabbara, Bruno Dalle, Bernard Gourmel, Gérard Socié, Stany Chrétien, Nathalie Cartier, Patrick Aubourg, Alain Fischer, Kenneth Cornetta, Frédéric Galacteros, Yves Beuzard, Eliane Gluckman, Frederick Bushman, Salima Hacein‐Bey‐Abina & Philippe Leboulch, Nature, 2010, Online (numéro du 16 septembre)
Source : lewebzine.ap-hp.fr
Pour plus d'informations contacter :
Directrice de la communication
Assistance Publique - Hôpitaux de Paris - 3, av Victoria
75184 Paris CEDEX 04
Téléphone : 01 40 27 30 00
Fax : 01 40 27 38 50
La Lettre "Réseau-CHU"
N° 539 - 21 septembre 2010

The Ethics of Donation after Cardiac Death

"The debate continues on the ethics of donating organs after cardiac death. How do we make sure patients do not suffer, or that their dying is prolonged? When is someone truly dead, meaning that their organs can be used for transplant?
David Magnus of the Stanford Center for Biomedical Ethics provides some answers and insights in this edition of the Bioethics Channel."
  ==> To listen to the podcast click here.
(September 2010)

Our Body : l'exposition définitivement interdite en France

"Le 16 septembre 2010, l'exposition anatomique 'Our Body, à corps ouvert' a été définitivement interdite par une décision de la Cour de cassation considérant que l'exhibition de cadavres humains à des fins commerciales est indécente et à ce titre illégale en France. Cette exposition de cadavres humains conservés par plastination avait déjà été présentée à l'étranger ainsi qu'à Lyon et Marseille avant de s'ouvrir à Paris le 12 février 2009, suscitant l'indignation (Cf. Synthèse de presse du 16/02/09).
En avril 2009, les associations Solidarité Chine et Ensemble contre la peine de mort avaient assigné en justice l'organisateur de l'exposition, soupçonnant un trafic de condamnés à mort chinois (Cf. Synthèse de presse du 01/04/09). L'exposition avait été interdite par le tribunal de grande instance de Paris mais la société organisatrice Encore Events avait fait appel. La Cour d'appel de Paris avait confirmé l'interdiction (Cf. Synthèse de presse du 04/05/09) et Encore Events s'était pourvu en cassation.
La Cour de cassation a maintenu l'interdiction en reprenant les motivations du juge de première instance : 'aux termes de l'article 16-1-1, alinéa 2, du code civil, [...] les restes des personnes décédées doivent être traités avec respect, dignité et décence', or 'l'exposition de cadavres à des fins commerciales méconnaît cette exigence.'"

S. African hospital charged in organ trafficking

Doctors charged over organ trafficking:
"Five South African doctors have been charged with performing illegal kidney transplants for rich Israelis using organs bought from poor Brazilians and Romanians, newspapers say.
Also charged was Richard Friedland, head of South Africa's top private hospital group Netcare, and the St Augustine Hospital in Durban where prosecutors say 109 illegal operations were conducted between 2001 and 2003, according to The Star newspaper.
'Israeli citizens in need of kidney transplants would be brought to South Africa for transplants at St Augustine's Hospital. They paid kidney suppliers for these operations,' read the charge sheet, according to The Times newspaper.
The kidneys 'were initially sourced from Israeli citizens, but later Romanian and Brazilian citizens were recruited as their kidneys were obtainable at much lower cost than those of the Israeli suppliers,' it said.
Prosecutors say Israelis had been paid about USD 20,000 for their kidneys, while the Brazilians and Romanians had been paid an average of USD 6,000.
Five years ago South African police tried to bring a case against Israeli man Ilan Perry, claimed to be the kingpin behind the syndicate.
The Times says that case was never brought forward and now Mr Perry has turned state witness.
Netcare denies any wrongdoing and says it will defend itself against the charges in court.
The first court appearance is expected in November."
- AFP

JOHANNESBURG (AP) — "A major South African hospital chain and its chief executive have been charged after years of investigation into a human organ trafficking case that stretched from Israel to South Africa to Brazil, hospital officials and police said Thursday.
Police spokesman Vish Naidoo said 11 suspects were ordered to appear in court in November. He refused to name them, but the board of directors of the Netcare hospital chain said in a statement that the parent company, its chief executive officer, Dr. Richard Friedland, and its subsidiary in the eastern province of KwaZulu-Natal received subpoenas on Wednesday.
'The board has been advised that the allegations made are unjustified and that neither Netcare nor Dr. Friedland are guilty of any wrongdoing,' the statement said, adding that Friedland would not be relieved of his duties pending trial.
'The board fully supports Dr Friedland and expresses its regret that the prosecuting authorities have seen fit to press charges against him and Netcare, particularly in view of the unqualified cooperation which Netcare and Dr. Friedland have given to the investigating and prosecuting authorities to assist in those investigations,' said Netcare, which operates hospitals across South Africa, among them some of the continent's most respected facilities.
The case first became known in 2003. That year and the next, arrests were made in Brazil and South Africa. Investigators said Brazilians who passed a medical checkup were flown to South Africa, where their kidneys were extracted for transplants into Israeli patients. Eastern Europeans were also donors.
It is believed more than 100 illegal kidney transplants were performed at Netcare's St. Augustine Hospital in the eastern coastal city of Durban in 2001 and 2002.
Police spokesman Naidoo said three people — a recipient and two 'coordinators' — were convicted in 2003. The police probe, which involved investigators from several foreign countries, did not stop there, he said.
Naidoo said the case involved selling organs, which is illegal in South Africa and most of the rest of the world.
There is a high demand and small supply of kidneys, which can be taken from a living donor. The black market is believed to be thriving around the world. India in particular has been a source of organs, with some reports of poor laborers being duped or forced into giving up kidneys, which were then transplanted into wealthy people who would come to India from around the world for the operations.
The U.N. World Health Organization calls the shortage of organs 'a universal problem.'"

Afrique du Sud : des médecins inculpés pour trafic d'organes

"Le principal groupe de santé privé en Afrique du Sud, Netcare, son PDG et cinq chirurgiens ont été inculpés pour avoir transplanté les reins achetés à des Brésiliens et des Roumains pauvres sur de riches Israéliens, rapporte la presse jeudi.
L'hôpital privé Sainte Augustine de Durban (sud-est), géré par le groupe Netcare, est également poursuivi pour ces 109 opérations pratiquées en son sein entre 2001 et 2003, précise le quotidien The Star.
'Des citoyens israéliens ayant besoin d'une greffe de rein sont venus en Afrique du Sud pour l'opération (...) et ont payé les donneurs', selon le procès-verbal, publié dans le journal The Times.
Les reins 'ont d'abord été fournis par des Israéliens, mais des Roumains et des Brésiliens ont ensuite été recrutés parce que leurs reins coûtaient beaucoup moins cher', ajoute le PV.
Les Israéliens étaient payés environ 20.000 dollars (15.000 euros) par rein, alors que ceux des Brésiliens et des Roumains ne coûtaient que 6.000 dollars (4.600 euros), selon ce document.
La police sud-africaine avait ouvert une enquête en 2005 contre l'Israélien Ilan Perry, soupçonné d'être le cerveau du trafic. Ce dernier a accepté récemment de coopérer avec la justice, ce qui a permis de procéder aux inculpations, précise The Times.
Les suspects devraient comparaître pour une première audience de procédure en novembre.
Dans un communiqué, le groupe Netcare et son PDG Richard Friedland ont 'nié vigoureusement toute exaction'.
'Pendant plusieurs années, nous avons pleinement coopéré avec la police sud-africaine et fourni de nombreux documents aux inspecteurs. Nous sommes très surpris et déçus de voir que le procureur a jugé nécessaire de nous inculper', écrivent-ils.
Tous les pays, sauf l'Iran, interdisent la vente d'organes humains contre de l'argent, selon The Times. Seuls les dons entre parents ou de personnes décédées sont légaux."

7 Septembre 2010 - Colloque : la responsabilité des médias (ETHIC)

"ETHIC organise des rencontres sur l’actualité sociale, économique et politique, permettant aux chefs d’entreprises d’accéder aux débats d’idées et aux témoignages des décideurs pour mieux agir sur leur environnement. C’est aussi l’occasion d’exprimer leur position face à des responsables de premier plan et de partager leur expérience.
Une forte présence médiatique : ETHIC réagit instantanément et de façon libre à l'actualité dans tous les médias. Nos membres y sont régulièrement sollicités pour s’exprimer."
Ethic est une association dirigée par Sophie de Menthon, régulièrement interviewée sur BFM, la radio de l'économie.
  ==> La responsabilité des médias (programme et invitation)

1000e greffe de rein au CHU de Besançon

BESANÇON - "1000e greffe de rein, 35 ans de prélèvement d'organes, 15 ans de soutien des associations ! A Besançon, 2010 est une année que tous les acteurs de la transplantation d'organes tiennent à célébrer.
Un peu d'histoire : le 30 octobre 1974 a eu lieu la 1re greffe rénale en Franche-Comté. Aboutissement d'une longue évolution débutée en 1969 avec la création d'un centre régional d'hémodialyse par le Pr Claude Perol, dans le service du Pr Lecomte des Floris, faisant de Besançon l'un des 7 CHU à disposer d'une unité d'hémodialyse.
Besançon a aussi bénéficié de l'engagement des personnes qui ont oeuvré à la création de l'université de Franche-Comté et du CHU :
- le président Edgar Faure qui par son implication dans la réforme a permis, en 1967, la transformation de l'école de médecine de Besançon en Faculté de Médecine de plein exercice.
-Jean Minjoz, qui fut ministre, maire de Besançon et président de la fédération hospitalière de France et mit gracieusement à disposition de la nouvelle faculté de médecine de plein exercice les locaux de l'Arsenal ; geste qui fut fondamental pour l'essor de la médecine en Franche-Comté.
- le doyen Pierre Magnin qui par sa compétence et ses relations a su donner un rayonnement national à la faculté et la rendre ainsi attractive.
- le Pr André Peters qui permit d'obtenir un centre de transfusion digne de sa mission régionale, puis un laboratoire d'histocompatibilité.
- Mr Gilbert Ceugnart directeur général du centre hospitalier, et l'ensemble du personnel hospitalier apportèrent un soutien précieux à cette évolution.
Le prélèvement et la transplantation s'intégraient dans une réflexion nationale, sur les questions éthiques qu'ils soulèvent et qui trouva son aboutissement dans la loi Caillavet, la première loi de bioéthique.
Le 11 juin 2010, les équipes bisontines pratiquaient la 1000e greffe rénale
Pour célébrer cet événement, une soirée anniversaire s'est déroulée le 10 septembre à la CCI du Doubs. Temps fort de la manifestation, la conférence sur l'avenir des greffes. Les Drs Benoît Averland, directeur nord est direction opérationnelle du prélèvement et de la greffe, Agence de la biomédecine, Régis Aubry, président de l'Observatoire de la fin de vie, et Mr Pierre Le Coz, vice-président du comité consultatif national d'éthique, ont évoqué les questions que soulèvent la révision des lois de bioéthiques, les avancées médicales et le besoin croissant d'organes.
Quelques chiffres
Aujourd'hui, la Franche-Comté compte 560 dialysés, 318 candidats en attente de greffe rénale et 540 personnes vivant avec un greffon fonctionnel.
La durée de vie nationale moyenne d'un greffon est de 13 ans, une franc-comtoise bénéficie d'un greffon fonctionnel (donneur vivant) depuis 35 ans.
Sur les 1000 patients greffés au CHU depuis 1974, plus de la moitié vivent avec leur greffon.
35 ans de soutien des associations
Cette soirée anniversaire précédait la 15ème manifestation annuelle 'Les boucles du don' qui se tenait le dimanche 12 septembre. Organisée par des bénévoles, cette manifestation réunissait comme chaque année plus de 1 000 participants. Cyclistes, rollers, joggers, marcheurs, cavaliers ont contribué à informer et sensibiliser le public sur le don d'organes. Cette édition était parrainée par le Professeur Michel Bittard, chirurgien ayant réalisé la 1re greffe de rein au CHU de Besançon et l'équipe de Hand-ball de l'Entente sportive bisontine féminine.
Grâce à cette forte et constante mobilisation aux cotés de la cellule de coordination des greffes du CHU, le taux d'accord pour prélèvement en Franche-Comté est supérieur à la moyenne nationale."
Pour plus d'informations contacter :
Chargée de communication
Centre Hospitalier Universitaire - 2 Place Saint Jacques
25 030 Besançon cedex
Téléphone : 03 81 21 86 26
Fax : 03 81 21 87 15
Source :
La Lettre "Réseau-CHU"
N° 538 - 14 septembre 2010

Germany tries to increase organ donation

"The German government plans to increase the number of organ donors by appointing organ transplant co-ordinators in major hospitals to identify potential donor and to negotiate with relatives. Organ donation has been in the news in Germany after former Social Democrat foreign minister Frank-Walter Steinmeier donated a kidney to his wife.
Like everywhere else, Germany has a shortfall in organ donation, but the government is reluctant to introduce an automatic opt-in system. The German health minister, Philipp Rösler, said, 'I am not in favour of using any sort of pressure,' he said. 'Organ donation should always be a free and deliberate decision.' Spain has an extensive network of coordinators which has made it a world leader in donation rates." ~ BMJ, Sept 1
by Michael Cook
11 Sep 2010

Bioéthique : Un projet de révision sans cohérence

"Le ministre de la Santé Roselyne Bachelot a dévoilé les grandes lignes de son projet de révision des lois votées en 2004. Jamais une telle loi n’avait suscité autant d’intérêt dans la population et il faut saluer l’initiative du gouvernement d’avoir associé dès 2008 les citoyens français à sa révision."

Vers une cornée biosynthétique ?

"Le 25 août 2010 sont parus, dans la revue Science Translational Medicine, les résultats d'une étude* clinique menée en Suède par l'équipe du chirurgien ophtalmologiste Per Fagerholm, de l’université de Linköping. Cette étude porte sur dix patients malvoyants ayant reçu une cornée biosynthétique il y a au moins deux ans. Ces cornées biosynthétiques ont permis de restaurer en partie la vue de certains patients souffrant d'un kératocône avancé (déformation progressive de la cornée). Faites de collagène humain recombiné, ces cornées sont restées totalement fonctionnelles deux ans après leur implantation et ont contribué à régénérer les tissus oculaires endommagés. Aucun des dix patients n'a présenté de rejet de la greffe ni développé d'infections et six d'entre eux ont vu leur acuité visuelle améliorée grâce à la nouvelle cornée. De plus, 'ces cornées biosynthétiques se sont révélées sensibles au toucher et les patients peuvent produire des larmes de façon normale'.
Ces résultats encourageants pourraient, avec plus de recherches, aider à améliorer la vue de millions de personnes attendant un donneur pour une transplantation de cornée.
Pour le Dr. May Griffith, principale auteur de l'étude, 'cette étude clinique est importante car elle montre pour la première fois qu’une cornée fabriquée artificiellement peut s’intégrer dans l’œil humain et stimuler la régénération des tissus'."
* Science Translational Medicine, "A Biosynthetic Alternative to Human Donor Tissue for Inducing Corneal Regeneration: 24-Month Follow-Up of a Phase 1 Clinical Study", Per Fagerholm, Neil S. Lagali, Kimberley Merrett, W. Bruce Jackson, Rejean Munger, Yuwen Liu, James W. Polarek, Monica Söderqvist and May Griffith
Radio-canada.ca 25/08/10 - Jim.fr (Léa Crébat) 26/08/10 - L'Express.fr 07/09/10

Laurent Lantieri: "L'Histoire retiendra les greffes du visage"

"Il vient de réaliser sa cinquième greffe du visage, devenant le chirurgien le plus expérimenté au monde dans une technique relevant, pour un temps encore, de l'exploit médical. Le Pr Laurent Lantieri, chef du service de chirurgie plastique de l'hôpital Henri-Mondor (Créteil, Val-de-Marne), pourrait se prendre pour un démiurge. Il n'en est rien. A 47 ans, ce médecin hors normes préfère classer son métier dans la catégorie de l''artisanat', se félicitant avant tout de son habileté à suturer de minuscules vaisseaux. Son aventure n'a pas démarré sous les meilleurs auspices. En 2005, un confrère lui souffle la première mondiale en opérant une jeune femme mordue par son chien. Depuis, le Pr Lantieri a démontré, par le nombre, que l'on peut vivre, et bien vivre, en portant le visage d'un autre. Quand L'Express lui a téléphoné, il profitait de sa dernière journée de vacances. Décontracté, il nous a reçus le jour même dans son appartement parisien. Réservé de nature, parfois raide, ce fils de militaire s'est montré, comme rarement, tel qu'il est. Un homme que ses rêves de grandeur portent toujours plus loin.
Vous venez de réaliser, en juillet, votre cinquième greffe de la face, soit la plus longue série au monde. Vous êtes fier de vous?
J'ai redonné figure humaine à ces personnes que la maladie ou les accidents de la vie avaient rendues monstrueuses, et oui, j'en suis fier. L'opération leur a rendu un nez, une bouche, un menton, des paupières, ces traits qui permettent aux êtres humains de se reconnaître entre eux. Ils n'ont pas forcément le visage de M. Tout-le-monde. On se doute bien, quand on les croise, qu'ils ont subi des interventions. Mais je les ai réintégrés dans la grande communauté des hommes.
Vous pensez notamment à votre premier patient, souvent comparé, faute d'autres références, à Elephant Man?
Le cas de Pascal est emblématique, en effet. La maladie génétique dont il est atteint, la neurofibromatose, avait déformé son visage au point qu'il était difficile de soutenir son regard, même pour moi qui ai vu beaucoup de défigurés au cours de ma carrière. Quand j'essayais, seul dans mon bureau, de me remémorer sa tête, rien ne me venait. Mon cerveau refusait d'imprimer son image, trop éloignée des repères qui nous sont familiers. Sa bouche, par exemple, n'était pas placée à l'endroit attendu. A cause des excroissances de chair, elle se retrouvait plus bas que son menton. Je ne parvenais pas à mémoriser une physionomie aussi étrange. Au bout du compte, j'étais obligé de ressortir sa photo du dossier. Aujourd'hui, Pascal circule en bus, en métro, et plus personne ne se retourne sur son passage. Son visage reste atypique, comme pour un accidenté de la route, mais il n'est plus dérangeant.
Pascal n'avait pas de travail, ne sortait plus de son quartier, en banlieue parisienne. Depuis sa greffe, en 2006, a-t-il renoué avec la vie sociale?
Absolument. A 32 ans, Pascal travaille maintenant comme comptable chez Neopost, un fabricant de machines à affranchir le courrier. Il a bénéficié d'un coup de pouce au départ, car je connais bien le directeur financier de l'entreprise. Mais il avait le diplôme requis et il a subi les entretiens d'embauche habituels avant d'être recruté. Son intégration n'a posé aucun problème. Il faut dire que sa personnalité est assez exceptionnelle. C'est quelqu'un d'intelligent, d'ouvert et de généreux.
Et sa vie sentimentale ? Pascal avait confié à L'Express avoir souffert en voyant ses copains se marier les uns après les autres, tandis qu'il restait désespérément célibataire...
J'espère bien être invité le jour où il se mariera... mais je n'ai pas de nouvelles en ce sens. A vrai dire, mes patients ne me tiennent pas au courant de leurs histoires de coeur. Je n'ai pas ce degré d'intimité avec eux. J'ai de l'empathie pour eux, mais je ne me prends pas pour leur pygmalion.
Il y a cinq ans, avant d'autoriser cette pratique, les instances éthiques se demandaient si les greffés allaient supporter le visage d'un mort. Vos patients sont-ils hantés par le souvenir des défunts ?
Pas du tout. L'expérience a montré, au contraire, que cette crainte relevait du fantasme. Tous, sans exception, ont considéré ce nouveau visage comme le leur dès l'instant où ils se sont réveillés de l'opération. Ils expriment de la gratitude vis-à-vis du donneur, jamais de malaise. Cela ne pose pas non plus de problème aux proches. Prenez la mère de Jérôme, le jeune homme de 35 ans greffé au mois de juillet. Quand elle a vu son fils après l'intervention, elle s'est écriée : 'C'est bien lui, on le reconnaît !' Pourtant, son nouveau visage n'avait plus rien à voir avec l'ancien, ravagé par la neurofibromatose, comme chez Pascal. Une autre question s'était posée, avant la première greffe : la famille du donneur pourrait-elle croiser le greffé dans la rue et reconnaître le visage du parent décédé ? Nous savons aujourd'hui que c'est un faux problème. La peau, les os et les tissus prélevés se moulent sur l'ossature du patient et il en résulte un visage original, différent de celui du défunt. Je peux l'attester, j'ai vu les donneurs puisque j'ai réalisé moi-même la plupart des prélèvements.
Pascal a retrouvé une vie normale. Qu'en est-il des autres greffés?
Notre patient espagnol de 29 ans, Andrés, opéré l'an dernier après qu'un coup de fusil eut emporté sa mâchoire, a retrouvé une qualité de vie correcte. Il ne pouvait plus ouvrir ni fermer la bouche car les muscles étaient détruits depuis l'accident. Il respirait à l'aide d'une trachéotomie [NDLR : ouverture dans la trachée] et s'alimentait grâce à une jéjunostomie [pose d'une sonde traversant l'abdomen]. Aujourd'hui, il a retrouvé toute sa motricité faciale. Il bute simplement sur un problème d'élocution, qui n'a pas cédé malgré les séances d'orthophonie. Il a du mal à prononcer les labiales, c'est-à-dire les m, les p, les b, qui mobilisent les lèvres.
Nous l'avons croisé à l'hôpital récemment, il nous a montré d'anciennes photos de lui - un beau brun, très séduisant. Vous n'avez pas réussi à lui rendre son visage d'avant?
Il n'en a jamais été question. Avant son accident, c'était un très beau gars, en effet. Mais le patient que nous avons soigné n'avait plus figure humaine. Avec la greffe, il a retrouvé une apparence normale, avec juste une cicatrice sous les yeux et un léger double menton. C'est déjà inespéré. Il a repris son travail auprès de son père, qui dirige une petite entreprise du bâtiment. Psychologiquement, il était déjà fragile avant le coup de fusil. Il le reste, prend toujours des antidépresseurs. Mais il a repris sa vie en main. Il s'est loué un appartement indépendant alors qu'il avait toujours habité chez ses parents.
Et votre autre patient défiguré par un coup de fusil, comment va-t-il ?
Il me cause plus d'inquiétude. Franck est diagnostiqué borderline, un trouble de la personnalité caractérisé par une grande instabilité émotionnelle. Sa réintégration sociale s'avère plus compliquée, tout comme son suivi médical. Mais nous nous adaptons. Nos rapports sont contractuels. Il s'engage à venir aux rendez-vous. En échange, nous sommes tenus de le prendre pile à l'heure prévue, pas un quart d'heure plus tôt ni un quart d'heure plus tard ! Ces difficultés étaient attendues. Elles ne remettent pas en question le bien-fondé de la greffe chez cet homme, père de deux jeunes enfants.
L'un de vos patients n'a pas survécu. Que s'est-il passé exactement ?
Ce patient, Jean-Philippe, était le premier grand brûlé auquel une greffe ait été proposée. Il a développé de graves infections que nous n'avons pas réussi à contrôler. Au bout de deux mois, son état s'est aggravé au point que nous avons pris la décision de retirer le greffon.
Vous avez tenté de le dégreffer, en somme?
C'est bien ça. Au cours de cette opération, très périlleuse, un dysfonctionnement s'est produit au niveau de la machine qui permettait au patient de respirer. La situation était si critique par ailleurs que nous ne nous en sommes pas rendu compte tout de suite. Dans une intervention de routine, l'incident n'aurait sans doute pas eu de conséquence. Dans le cas de Jean-Philippe, il s'est révélé fatal. C'est un échec, qui a été vécu difficilement par toute l'équipe. Pour autant, nous n'avons jamais envisagé d'arrêter notre essai clinique et les autorités de tutelle ne l'ont pas réclamé. La greffe de la face est la grande aventure scientifique du XXIe siècle. En tout cas, l'une de celles que l'Histoire retiendra. Elle comporte beaucoup d'inconnues, qui sont levées au fur et à mesure. N'oublions pas que la conquête spatiale a coûté la vie à plusieurs astronautes, avant d'aboutir au succès du premier pas sur la Lune. Le décès de Jean-Philippe a confirmé mon intuition initiale. Si la greffe échoue, c'est la mort pour le patient. Le retour en arrière est hautement hypothétique.
Demain, la greffe de la face sera-t-elle aussi banale que celle du rein?
Elle restera rare car les cas de défiguration extrême sont, heureusement, peu nombreux. Nous les estimons à une quinzaine par an, au plus. A terme, on peut imaginer que quatre ou cinq hôpitaux pratiquent ce type d'intervention en France. L'opération revient à 150 000 euros, soit l'équivalent d'une greffe de foie, selon les calculs de la direction financière de notre établissement.
La France revendique 7 greffes, l'Espagne, 3, les Etats-Unis, 2, la Chine, 1. Sommes-nous lancés dans une course à l'exploit?
Je le crains. A l'hôpital Henri-Mondor, nous ne sommes pas dans cet état d'esprit. Mais voyez l'équipe de Barcelone, qui a revendiqué, au printemps dernier, la première greffe totale de la face, du front jusqu'au menton. Le haut du visage est un défi difficile à relever, à cause du mécanisme délicat des paupières. Les médecins espagnols ont fait prendre un risque inutile à leur patient, dont le haut du visage était indemne après le coup de fusil. Résultat: aujourd'hui, il ne peut plus fermer les yeux. Ils ont aggravé son état, au lieu de l'améliorer.
En 2005, votre confrère d'Amiens, le Pr Bernard Devauchelle, vous avait soufflé la première mondiale. Vous aviez critiqué ses méthodes, passant pour un mauvais perdant. A quand la réconciliation ?
Sans doute jamais. Et ne venez pas me dire que c'est de l'orgueil mal placé. Nous ne partageons pas les mêmes valeurs. Contrairement à M. Devauchelle, je ne travaille pas pour ma gloire personnelle. Je partage mon savoir car je veux faire avancer la médecine.
Dommage pour vos patients respectifs...
Je le déplore aussi, mais la confiance est rompue de façon irrémédiable. Les échanges se font quand même au niveau des équipes. Nous entretenons d'excellents rapports avec les médecins de Lyon qui s'occupent des traitements antirejet des deux patients de M. Devauchelle.
Avez-vous reçu des demandes extravagantes à la suite de votre médiatisation - des malfrats qui voudraient changer de visage, par exemple ?
Ce sont mes origines corses qui vous inspirent cette question ? Vous allez être déçue. Non, Yvan Colonna ne m'a jamais contacté pour une opération de ce type. La seule requête étonnante qui m'ait été faite ces derniers temps, c'est de m'engager en politique à l'occasion des dernières élections régionales, sur la liste socialiste menée par Jean-Paul Huchon. J'ai refusé. Pas par idéologie, je ne suis ni de droite ni de gauche. Je n'ai simplement pas la disponibilité nécessaire. Plus tard, qui sait...
Votre salle d'attente doit déborder, maintenant que vous êtes connu. En avez-vous profité pour ouvrir une consultation privée ?
J'avais commencé plusieurs années avant l'aventure de la greffe. J'ai continué. Je vois chaque semaine une cinquantaine de patients lors de ma consultation publique du jeudi, et la moitié de ce chiffre en consultation privée. Bien des femmes me sollicitent pour mon autre spécialité, une technique de reconstruction mammaire sans prothèse. Mon tarif, 100 euros, n'a pas bougé en dépit de ma notoriété. Je touche un salaire hospitalo-universitaire de 6 000 euros net et je double ce revenu avec mon activité privée. Ça ne me paraît pas indécent au vu de mes responsabilités et de mes soixante-dix heures par semaine...
Pourriez-vous un jour basculer dans le privé ?
Je ne me l'interdis pas. Je travaille beaucoup, beaucoup. Je pourrais être tenté, un jour, de travailler moins pour gagner plus ! Blague à part, je reste très attaché au service public. Pour autant, je suis fâché quand je vois ses principes dévoyés, comme avec l'Aide médicale d'Etat [AME], par exemple, qui permet l'accès aux soins des personnes étrangères...
Vous pensez qu'il faudrait cesser de soigner les sans-papiers ?
Pas du tout. Comprenez-moi bien : soigner les étrangers en cas d'urgence ou pour des maladies contagieuses qui pourraient se propager me paraît légitime et nécessaire. Par contre, je vois arriver à ma consultation des patients qui abusent du système. Un exemple, parmi d'autres, un Egyptien qui avait eu le doigt coupé, bien avant de s'installer en France : il demandait une opération de reconstruction consistant à prélever un orteil pour remplacer le doigt manquant. Il disait qu'il n'avait pas confiance dans la médecine de son pays. Je forme des médecins égyptiens, je peux vous dire qu'ils savent pratiquer ce type d'opération. En réalité, ce monsieur s'était d'abord rendu en Allemagne, mais il jugeait bien trop élevée la facture qu'on lui avait présentée là-bas. Une fois en France, il avait obtenu l'AME et il estimait avoir droit à l'opération ! Si le même patient s'était présenté dans mon service juste après s'être sectionné le doigt, je l'aurais recousu aussitôt sans lui réclamer sa carte Vitale. Dans son cas, j'ai refusé.
Vous avez proposé au ministère français des Affaires étrangères de vous missionner auprès des soldats américains défigurés pendant la guerre d'Irak. Comptez-vous commencer une carrière diplomatique ?
Et pourquoi pas ? Aux Etats-Unis, les autorités militaires ont recensé 400 GI qui pourraient tirer bénéfice d'une greffe de la face. Des jeunes en très bonne santé, qui ont survécu à des traumatismes graves, des explosions, des attentats. 400 candidats à l'opération, contre une quinzaine chez nous, vous imaginez ? Les Américains ont un besoin, nous avons le savoir-faire. Ce serait dommage de rater l'occasion de donner un tour officiel à la collaboration qui démarre entre médecins des deux pays. Je dois retourner à Chicago en novembre pour rencontrer des représentants du ministère américain de la Défense. Pour l'instant, je m'y rends en mon nom propre mais, d'une certaine façon, est-ce que je ne représente pas aussi la France ? Il est probable que nous recevions prochainement des chirurgiens américains à l'hôpital Henri-Mondor pour les former.
[On sonne à la porte. Il s'interrompt pour ouvrir et laisser entrer son professeur de piano.]
J'ai recommencé à prendre des leçons. J'avais arrêté, enfant, quand mon professeur m'avait asséné qu'avec ces mains-là [il les montre : aucun signe particulier] je ne pourrais jamais exercer un métier manuel [sourire ironique]."