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"Transplantation d’organes humains au Mali : La loi votée viole-t-elle la Constitution ?"

"Avant de prendre leurs vacances parlementaires, les députés ont adopté la loi relative au prélèvement et à la greffe d’organes, de tissus et de cellules humains. En analysant la question de la transplantation d’organes humains, on est tenté de dire que les élus de la nation ont violé la constitution dont l’article 1er stipule que 'la personne humaine est sacrée et inviolable. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne ?'.

Les progrès de la science et de la technique peuvent bien sauver des vies humaines et améliorer la santé des malades. Mais de là à violer notre constitution, les députés ont bien franchi le pas.

CE QU’IL FAUT COMPRENDRE DU SUJET
La transplantation ou greffe est une technique médico-chirurgicale qui consiste à remplacer un organe ou tissu ou cellule malade par un autre organe ou tissu ou cellule sains prélever chez un donneur.

On distingue plusieurs types de greffes :
- l’autogreffe ou greffe autoplastique : c’est le transfert d’un tissu d’un point à l’autre du même organisme. Son avantage principal est qu’il n’y a pas de phénomène de rejet. C’est un acte de chirurgie réparatrice (cas de perte tissulaire importante) et parfois pour des fins esthétiques.
- l’homogreffe ou greffe homoplastique ou allogreffe : C’est le transfert d’un tissu d’un donneur à un receveur de même espèce (exemple d’un humain à un autre humain).

Des problèmes d’éthiques se posent ici : aux niveaux de l’opérateur, du receveur, du donneur vivant ou décédé, de l’histocompatibilité et de la législation du pays.
- La Xénogreffe : la greffe concerne des individus d’espèces différents, par exemple greffe à un homme d’un organe d’un animal proche de l’homme, ou rendu proche par des manipulations génétiques.

Dans les transplantations, il faut distinguer les organes exécutifs (cornée, membre, rein, poumon, coeur, etc) et les organes centraux ou de différentiation individuelle (cerveau, gonades) ; distinguer aussi les prélèvements d’organes ou de tissu sur le vivant et le mort.

CONTEXTE
Les greffes d’organes et de tissus humains, qui ont connu des progrès très importants ces dernières années, sont devenues des traitements de prédilection pour de nombreuses maladies, mortelles ou non.

A titre d’exemple, une transplantation de rein permet d’économiser des frais engagés pendant dix ans pour traiter le même malade atteint d’insuffisance rénale en dialyse. La greffe de la Cornée reconvertit la cécité en vision normale quelque soit l’âge du malade. Les prélèvements et les transplantations les plus fréquents portent sur le rein, le foie, le poumon, la peau, la moelle osseuse et la cornée.

A partir de 1990, les activités de transplantation ont été codifiées sur le plan international par les lois de la bioéthique, la création des établissements des greffes transfrontaliers (USA, Europe, Asie etc). Il faut noter que les greffes d’organes sont chose courante dans plusieurs continents.

Selon l’OMS, en 2005, il a été recensé 92.943 transplantations d’organes dans le monde dont 62.129 reins, 19.809 foies et 5.313 coeurs etc. L’Afrique reste le parent pauvre en dehors des pays du Maghreb et de l’Afrique du Sud.

En juin 2006, une importante équipe de l’OMS a séjourné au Mali dans la ferme volonté de faire de notre pays, un leader dans le domaine de la transplantation en Afrique du Sud Saharienne.

Au total, on estime que plus de 500.000 personnes vivent aujourd’hui dans le monde avec un organe transplanté et des dizaines de milliers de personnes sont en attente de greffe.

Au Mali, les greffes d’organes ne sont pas encore pratiquées. Cependant les services de certains établissements publics hospitaliers (Point G, IOTA) assurent le suivi de malades qui ont reçu des greffes.

LES FORCES DU MALI
Il ressort des écoutes effectuées par les députés que le Mali est bien avancé dans la voie de la transplantation :
- Il y a l’expression d’une volonté politique de s’engager dans la voie en créant les textes législatifs et réglementaires, en s’engageant pour la recherche de ressources pour le financement des infrastructures, de l’équipement et la mise à niveau des ressources humaines qui sont disponibles ;
- Le Mali dispose de l’un des meilleurs néphrologues d’Afrique qui a déjà élaboré un projet de transplantation rénale, projet adopté par le Conseil d’Administration du CHU de Point-G ;

- En outre l’IOTA est dans les meilleures dispositions pour pratiquer la greffe de la cornée.
Donc les conditions de transplantations peuvent être réunies au Mali. Il existe déjà un projet de charte nationale de bioéthique non encore adopté et également trois comités opérationnels pour participer à l’encadrement des projets de transplantations qui sont :
• Le Comité National d’Ethique pour la Santé et les Sciences de la vie ;
• La Comité d’Ethique de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie (FMPOS) ;
• Le Comité d’Ethique de l’Institut National en Santé Public (INRSP).

Egalement le Code de déontologie existe sous forme de loi. Les trois ordres professionnels sanitaires (Ordre des Médecins, des Pharmaciens, des Sages-Femmes), concomitamment avec l’Inspection de la Santé, encadrent les activités d’exercice des professionnels de la Santé.

Les deux principales religions au Mali (islam et Christianisme) acceptent avec quelques réserves le principe des transplantations d’organes. Ces réserves ont trait à l’acquisition de toutes les conditions pour la réussite des transplantations et le respect des règles d’éthique pour éviter de réduire le corps humain en un objet de commerce. Les partenaires tels que l’OMS ont exprimé leur volonté d’accompagner le projet.

LE CADRE JURIDIQUE
Les prélèvements d’organes ou tissus ou cellules constituent une atteinte au corps humain, celui des morts comme des vivants.'La personne humaine est sacrée et inviolable. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne' selon l’article 1er de la constitution du Mali, repris par l’article 2 de la présente loi.

Malgré cette disposition de la loi fondamentale, on soutient que la seule autorisation d’atteinte au corps est celle des actes médicaux nécessaires pour la personne elle-même. N’est-ce pas là une violation de la constitution ?"

Article de Daba Balla KEITA
http://www.maliweb.net/category.php?NID=50040&intr=

NB : certains lecteurs ont réagi négativement à cet article : voir commentaires sur le site http://www.maliweb.net/category.php?NID=50040&intr=

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