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"L'euthanasie, une vraie régression pour les médecins"

"Chef de l'unité de neuroréanimation chirurgicale de la Pitié-Salpêtrière, l'auteur [le Professeur Louis Puybassset, ndlr.] prend part au débat sur la fin de vie, relancé par le rapport d'évaluation de la loi Leonetti."

"En ce qui concerne la fin de vie, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif viennent de confirmer les choix portés par l'Assemblée nationale en 2005. Malgré l'orchestration médiatique de la détresse de Mme Sébire, la France réitère son refus de rentrer dans la logique folle des législations belge et hollandaise. Folle, car ces lois, en prétextant de la détresse des malades, ouvrent en réalité un droit opposable à la mort, un droit-créance qui s'impose à la société et dont le corps médical devient l'effecteur. L'euthanasie d'Hugo Claus, écrivain belge célèbre, qui débutait une maladie d'Alzheimer, en est une démonstration. Le fait que le tiers des patients euthanasiés entre 2001 et 2004 par l'association Suisse Exit n'aient pas de maladie incurable en est une autre manifestation. Folles encore car elles donnent à un médecin isolé la charge d'examiner, de décider et d'exécuter la décision. Cela fait pourtant des siècles que le monde judiciaire a compris que la garantie minimale des droits du citoyen est de séparer ces fonctions. Il faut être d'une naïveté déconcertante pour penser que l'abus de pouvoir n'existe pas en médecine et que l'autonomie du malade, souvent déjà bien compromise par la maladie, peut suffire à éliminer ce risque.

C'est pourtant sur cette hypothèse candide que repose la légalisation. Il faut avoir peu de mémoire pour ne pas se souvenir que les médecins ont flirté tout au long du XXe siècle avec la barbarie et lui ont parfois apporté leur concours actif. La séquence euthanasie- prélèvements d'organes, ouverte par les médecins belges depuis 2006, en est peut-être une nouvelle illustration. Folle enfin car ces législations s'immiscent dans l'art médical et dévoient ainsi le sens même du soin en imposant par la loi des procédés d'un autre âge. Aujourd'hui, la médecine a, pour traiter la douleur et la souffrance, d'autres méthodes que l'effacement brutal de celui qui souffre de ces maux par arrêt du cœur.

Si certains politiques veulent ouvrir un droit à la mort, qu'ils l'assument pleinement, sans instrumentaliser la profession médicale. Rien ne s'opposerait à ce que la distribution de potions mortifères soit réalisée dans un bureau idoine des mairies avec les garanties qu'ils estimeraient nécessaires. L'euthanasie n'est pas un acte médical. Apprendre à la pratiquer requiert dix minutes de formation. Par contre, engager des soins proportionnés requiert dix ans d'études et au moins autant de pratique clinique.

L'euthanasie est une revendication qui est supposée renforcer l'autonomie de la personne aux dépens de la loi morale du groupe. La loi Leonetti du 22 avril 2005 et les compléments décidés par la mission parlementaire permettent d'arriver à un équilibre harmonieux entre ces deux considérations antagonistes. Le paradoxe veut que dans ce dossier, la gauche, en militant pour la légalisation de l'euthanasie, est à contre-emploi de ses valeurs traditionnelles. Ceci illustre bien comment des parcours singuliers et des histoires individuelles peuvent influencer le sens du bien commun. La loi est là pour protéger les personnes et régler la vie en société. Elle ne peut pas faire office de thérapie individuelle. Ceux de ses ténors qui soutiennent la légalisation et qui mettent parfois les moyens publics, dont ils sont les gestionnaires, à la disposition des promoteurs de cette idée seraient bien inspirés de réfléchir posément aux enjeux éthiques et sociaux de cette problématique avant de s'avancer plus avant dans ce combat.

En confirmant son choix, la France est fidèle à son héritage lié aux Lumières et aux droits de l'homme. Sur ce sujet de société qui porte les prémisses de ce que sera le lien social de demain, notre pays montre au monde la voie d'une législation juste et équilibrée sur la fin de vie. Il ne fait plus aucun doute qu'elle bat là en brèche l'argument fallacieux qui voudrait que certains de nos voisins aient des législations plus 'avancées' que nous dans ce domaine. Le bilan de ces législations montre que l'euthanasie n'est qu'un illusoire progrès de l'autonomie, au prix d'une régression médicale et d'une déstructuration du lien social."
Tribune du Professeur Louis Puybasset, Chef de l'unité de neuroréanimation chirurgicale de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris :
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