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"La recherche sur les greffes d'organes progresse"

Quelques avancées présentées en hommage aux travaux de Jean Dausset, Prix Nobel de médecine 1980.

"Pour fêter le cinquantième anniversaire de la découverte du système HLA de reconnaissance du soi et du non-soi par le Pr Jean Dausset (Prix Nobel de médecine 1980), l'Académie des sciences et l'Agence de la biomédecine ont organisé, mardi, un colloque sur la recherche en transplantation."

"Première cible des chercheurs : le système HLA. Son importance est capitale dans le rejet ou l'acceptation d'un greffon, mais aussi dans les maladies auto-immunes, dans la transfusion. C'est également le système génétique humain, le plus polymorphe qui soit. Il y a six gènes sur le chromosome 6, chacun étant responsable d'un groupe d'antigènes ayant des rôles importants dans la défense des maladies, la reproduction, le cancer, etc.
Pour chaque emplacement chromosomique, les variations individuelles sont gigantesques : la science a déjà répertorié et typé 'plus de 3 000 allèles HLA et en prenant en compte les allèles nuls non exprimés, on devrait atteindre les 6 000 variantes', estime Dominique Charron (Inserm Paris). On comprend dans ces conditions, la difficulté de trouver un donneur compatible avec un receveur.
Une notion est apparue au cours de la dernière décennie, celle de l'immunogénétique dite non-HLA. 'Tout n'est pas dans les gènes, et le projet Human Epigenome va étudier les antigènes importants dans la prise de greffe dans chaque tissu, les variations interindividuelles, le profil de méthylation des protéines codées.' Certaines substances ayant un rôle de signalisation (les cytokines) conditionnent, plus encore que le HLA, le succès de la prise de transplantation de cellules souches.
Des mutations de certains facteurs de croissance tissulaire (comme le VEGF) ont un rôle capital dans le succès des greffes de rein. Et le HLA lui-même, découvert par Dausset, n'a pas encore révélé tous ses secrets : 'Le développement des biothérapies immunitaires doit faire anticiper un fort développement de l'immunopharmacogénétique du système HLA, et des autres gènes du complexe majeur d'histocompatibilité', anticipe M. Charron. Il y a certainement un vivier inconnu de molécules d'intérêt thérapeutique dans ce secteur..."

'Immuno-modulateur'
"En voici un exemple : parmi les gènes du groupe HLA, le système G a une place particulière. C'est lui qui est responsable de la tolérance immunitaire du fœtus par la mère lors de la grossesse. Il varie peu (il n'y a que 7 isoformes protéiques connues) et son expression est restreinte (dans les cellules du placenta et du thymus). Nathalie Rouass-Freiss a exposé son rôle au-delà de la grossesse : 'Dans une étude sur les greffes cardiaques, sur 51 sujets étudiés, 9 receveurs exprimaient la protéine du HLA-G. Ils avaient tous eu un nombre réduit d'épisodes de rejet. De même dans les greffes hépato-rénales, l'expression de la molécule G était associée, chez le greffé, à une meilleure acceptation du greffon.'
De multiples preuves de son rôle 'immuno-modulateur' ont poussé les chercheurs dans deux directions : la molécule G pourrait devenir un marqueur applicable en clinique du suivi de la greffe. Et elle pourrait devenir un médicament antirejet : des microbilles revêtues de la protéine HLA-G injectées à l'animal, ont déjà permis l'allongement de la survie de greffes de peau expérimentales chez la souris.

Mais la recherche passe aussi par les sciences sociales pour comprendre la pénurie d'organes en France. Avec 1 441 donneurs prélevés en 2006, on dénombrait 12 407 malades en liste d'attente. Il s'agit d'explorer, comme le fait Élisabeth Lepresle, le rapport du citoyen français avec son corps qui, rappelons-le, ne lui appartient pas. 'Le corps est extrapatrimonial. Qui va le vendre ? Qui va le donner ? L'État français ne nationalise pas le corps', a-t-elle rappelé. Mais l'État doit autant protéger la dignité de la personne vivante que promouvoir la greffe.
Y compris la greffe d'organes de donneurs vivants. Ce nouvel usage du corps pose des questions nouvelles sur le consentement présumé, le rôle de la famille du défunt."
Article de Jean-Michel Bader
Le Figaro

1 commentaire:

Ethics, Health and Death 2.0 a dit…

"(...) le rapport du citoyen français avec son corps qui, rappelons-le, ne lui appartient pas."

Phrase étonnante. Que signifie-t-elle ? Le corps du citoyen ne lui appartient pas (dans ce cas, à qui appartient-il ? A l'Etat ?), ou bien : le corps du citoyen lui appartient, mais il n'a pas le droit d'en faire ce qu'il veut (vendre ses organes par exemple) ?
Il me semble qu'il y a là une idée un peu perverse de jouer sur les mots, en cherchant à assimiler les deux idées, bien évidemment différentes, voire opposées.
Ces deux idées sont en fait diamétralement opposées : dans le premier cas, le corps du citoyen appartient à une entité supérieure qui peut en disposer, même pour une cause allant à l’encontre de l'intérêt du citoyen. Dans le deuxième cas, le corps du citoyen ne lui appartient pas, et encore moins à quelqu’un d’autre, car en fait le corps du citoyen n’appartient à personne.