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La génétique rebat les cartes de l'industrie pharmaceutique

"L'utilisation de tests génétiques dans le cadre de la politique d'immigration pourrait avoir des conséquences inattendues. Au-delà de la polémique politique, juridique et morale, le débat contribue peut-être à familiariser la population avec un outil dont on commence à peine à percevoir les effets de régulation sociale. Un pur bénéfice pour les entreprises qui conçoivent et fabriquent les équipements, kits et produits chimiques destinés à analyser les fluides et les tissus issus du corps humain."

"La nécessité de comprimer les dépenses de santé, en ciblant mieux les prescriptions et en tentant d'associer un médicament à des catégories précises de patients, donne en effet une place croissante au diagnostic in vitro (DIV) : d'ores et déjà les résultats de ce type d'examen influent sur 70 pour cent des décisions médicales. Le DIV a représenté un marché mondial de plus de 30 milliards d'euros en 2006, selon les chiffres fournis par l'Association des fabricants de diagnostic européens (Edma).

Les diagnostics in vitro sont restés longtemps confinés aux laboratoires. En Europe, ses utilisateurs demeurent avant tout les patients, les médecins, les autorités de santé, et les organismes d'assurance-maladie publics ou privés. Aux Etats-Unis aussi, l'essentiel du marché est réalisé entre acteurs du système de soins. Mais d'autres utilisateurs - particuliers, magasins, écoles, entreprises... - ont fait leur apparition. Un nombre croissant de patients se montrent intéressés par l'achat de tests en vente libre, dont chacun est seul à connaître le résultat (tests de grossesse, par exemple). Les assureurs encouragent également les patients américains à recourir spontanément à ces 'autotests' dans la mesure où cela les dispense de rembourser une facture issue des centres de soins spécialisés. Enfin, la montée en puissance de maladies chroniques comme le diabète donne un coup de fouet aux outils personnalisés de mesure du taux de glucose. Quand on sait que l'Organisation mondiale de la santé prévoit 300 millions de diabétiques à l'horizon 2025, on mesure l'importance du chiffre d'affaires futur..."
DE NOUVELLES PERCÉES

"L'essentiel du marché du diagnostic in vitro utilise encore les techniques traditionnelles d'analyse : hématologie, immunologie, biochimie, microbiologie, etc. Mais deux domaines tirent tout le secteur : les tests de glucose (12 pour cent) dont on vient de voir l'importance, et le diagnostic moléculaire.

Les tests moléculaires (ou génétiques) qui représentent déjà 20 pour cent du marché mondial ont pour but d'étudier et mesurer les variations et mutations du matériel génétique humain, quand le médecin soupçonne qu'il est à l'origine de maladies ou de désordres physiologiques. 'Ce segment de marché est en hausse rapide et croît de 12 à 15 pour cent par an, alors que le reste du marché diagnostic ne croît que de 2 pour cent à peine par an. La biologie moléculaire a ouvert la voie à de nouvelles percées thérapeutiques contre des maladies mortelles comme le cancer et certaines maladies génétiques', indique Alain Gilbert, directeur associé de la société de conseil Bionest Partners.

Outre la médecine de pointe (prédispositions aux cancers, aide à la transplantation d'organes, etc.), le diagnostic moléculaire trouve des applications dans la médecine légale, la lutte contre le bioterrorisme, l'alimentation et la santé publique. Surtout, l'industrie pharmaceutique en a fait un outil de développement de nouveaux médicaments mieux ciblés.

Parmi les technologies qui dynamisent ce secteur, on peut citer les puces à ADN (mais aussi à nucléotides et à protéines) dont les ventes ont dépassé le milliard de dollars en 2006. Ces instruments, qui tiennent dans la paume de la main, permettent d'effectuer un nombre toujours plus important de tests en simultané et jouent un rôle-clé dans de nouvelles disciplines comme la protéomique (sciences de protéines), et dans les applications de la génomique à l'analyse des pathologies, autrement dit la pharmacogénomique.

Le marché de la pharmacogénomique est considéré comme le plus prometteur par l'industrie pharmaceutique par les avancées qu'il ouvre dans la médecine personnalisée. A l'heure actuelle, la plupart des médicaments sont vendus à des populations globales de malades sans possibilité de les cibler avec précision. Les tests génétiques devraient, à l'avenir, permettre de déterminer les sous-groupes de patients éligibles à tel ou tel médicament avec des chances de guérison proches de 100 pour cent. Ces produits se comptent encore sur les doigts d'une main, mais les laboratoires pharmaceutiques les plus en pointe sur le sujet obtiendront des autorités sanitaires les meilleurs prix au moment des autorisations de mise sur le marché. C'est le marché du médicament dans son ensemble qui attend ainsi de l'usage croissant des tests génétiques les plus amples résultats."

Article d'Yves Mamou
LE MONDE ECONOMIE

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