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Suisse : la mort est-elle définie de façon trop stricte? Des médecins s’en inquiètent

PRELEVEMENTS A COEUR ARRETE
Des chirurgiens tirent la sonnette d’alarme. Les nouvelles règles sur la transplantation restreignent les prélèvements chez certains donneurs. Au centre des débats: la définition de la mort.


"Au cœur des inquiétudes des chirurgiens, les patients victimes de 'mort cardiaque', dont le cœur ne bat plus et ne pourra plus redémarrer. Le délai nécessaire à l’obtention de l’accord des familles pour les transplantations est en effet trop long pour que les organes restent utilisables."

"Quelle est la définition de la mort ? Comment poser le diagnostic ? Ces questions, lugubres mais essentielles, provoquent des remous parmi les chirurgiens helvétiques, à la veille de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la transplantation le 1er juillet. En cause: les directives de l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM) en matière de prélèvements, déjà appliquées. Les spécialistes craignent un recul des prélèvements chez un certain type de donneurs décédés: les personnes en état de 'mort cardiaque'."

Une demi-heure pour prélever les organes


"Car il y a mort et mort. Et dans son chapitre consacré à la constatation du décès, la nouvelle loi se concentre sur les donneurs en état de 'mort cérébrale', sur lesquels la majorité des organes sont prélevés en Suisse. Il s’agit surtout de victimes d’un accident ou d’une hémorragie cérébrale. La loi précise en effet que le décès est certifié seulement 'lorsque les fonctions du cerveau, y compris du tronc cérébral, ont subi un arrêt irréversible'. Autrement dit, lorsque le cerveau ne pourra plus jamais refonctionner. Une fois le décès établi par un diagnostic très rigoureux et standardisé au niveau international, les médecins disposent de temps pour ensuite procéder à une transplantation.

Or, à l’heure actuelle, environ 10% des candidats aux prélèvements d’organes en Suisse – et jusqu’à 30% dans d’autres pays – sont également des patients dits en état de 'mort cardiaque', dont le cœur ne bat plus et ne pourra plus redémarrer. La 'mort cérébrale' au sens de la loi n’est ici pas encore constatée. Mais le cerveau de ces personnes, victimes pour la plupart d’accidents vasculaires cérébraux, comporte néanmoins des lésions irréversibles. 'Leur famille et les soignants décident d’arrêter le traitement, puisqu’ils n’ont plus aucune chance de se réveiller', explique le professeur Pierre-Alain Clavien, qui dirige le Département de chirurgie à l’Université de Zurich."

La discussion reste ouverte


"Les spécialistes débranchent donc les appareils de respiration artificielle, ce qui entraîne un arrêt cardiaque naturel, puis la 'mort cérébrale' 10 minutes après. Et c’est là qu’est le nœud de l’histoire. 'Car avant de débrancher, nous demandons à la famille du patient si elle consent à un éventuel prélèvement d’organe', poursuit Pierre-Alain Clavien. Une fois les soins stoppés, et après arrêt cardiaque, les médecins disposent en effet d’une demi-heure seulement pour prélever des organes, principalement les reins ou le foie, avant qu’ils ne deviennent inutilisables.
Seulement voilà. Selon les directives de l’ASSM, il ne sera en principe plus possible d’approcher la famille d’un donneur potentiel avant que l’appareil ne soit débranché et que le décès ne soit cliniquement constaté. 'Or, les discussions avec les proches durant plusieurs heures, les organes seront alors inutilisables', conclut Pierre-Alain Clavien.

D’où le souci des spécialistes. 'Il serait dommage que la Suisse n’autorise par une discussion avec les proches avant de débrancher un appareil, alors que cela se fait dans de nombreux autres pays et permet de greffer des reins à des patients en liste d’attente', note ainsi le chef du Service de transplantation du CHUV, Manuel Pascual. Du côté de l’ASSM, on se veut toutefois rassurant. 'La discussion est encore ouverte pour trouver un consensus éthique et juridique', promet le président de l’Association, le Professeur Peter Suter. De quoi réjouir le directeur de Swisstransplant, Conrad Müller, qui rappelle quant à lui que si la mort est au centre des débats, 'le don d’organe représente tout de même, et en fin de compte, la vie'."
Source :
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VALENTINE ZUBLER, BERNE

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