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France : don d'organe à partir de donneurs vivants

Greffes: les dons d'organes ont augmenté de 32% depuis 2000.


Cousins et conjoints peuvent désormais fournir un rein ou un bout de foie. Explications de la directrice de l'agence de la biomédecine.


"L'année dernière, 11 937 personnes ont eu besoin d'une greffe et 4 238 personnes ont reçu un appel qui a sauvé leur vie. Une augmentation de 32% depuis 2000. Pour la première fois, la barre des 4 000 prélèvements a été franchie en France. Mais le nombre de patients en attente augmente lui aussi. Et, chaque année, entre 200 et 250 personnes qui sont sur liste d'attente meurent encore. Pour augmenter les chances de survie des patients en attente, l'application, l'été dernier, d'un décret de la loi de bioéthique datant de 2004 autorise désormais cousins et conjoints d'un malade à donner de leur vivant un de leurs reins ou un bout de leur foie. Un don limité autrefois aux parents, aux enfants ou aux frères et soeurs. Comment et pourquoi donner vivant ? Les explications de Carine Camby, directrice de l'agence de la biomédecine.

Quels sont les intérêts de la greffe de foie ou de rein avec donneur vivant ?

Il n'y a pas de délai, le receveur n'est pas suspendu à l'attente d'un greffon cadavérique compatible. Un patient en attente d'un rein doit suivre des dialyses trois fois par semaine, c'est une situation très inconfortable. Et nous savons maintenant que l'espérance de vie d'un greffé est supérieure à celle d'un dialysé. Lorsqu'un membre d'une famille est en attente d'un organe, c'est une souffrance pour tout le monde. Chacun veut alors trouver une solution, donner lui-même une chance à ce parent malade. Mais il ne suffit pas d'être en bonne santé et volontaire, il faut encore que le donneur soit compatible.

En élargissant le don d'organe avec donneur vivant à la parentèle du second degré, la loi devient-elle plus permissive ?

Oui, parce qu'elle ouvre le don à d'autres membres de la famille, mais, en contrepartie, elle exige qu'un comité d'experts donne son autorisation. Autrefois, cette autorisation relevait de la seule responsabilité des médecins. Désormais, excepté si les donneurs sont le père ou la mère du receveur, les cinq membres du comité examinent chaque cas avant de donner ou non leur feu vert.

Pourquoi ?

C'est une garantie. Une mesure très protectrice pour le donneur. Il faut s'assurer qu'il a bien été informé de l'opération et de ses risques. Il peut aussi faire l'objet d'une pression familiale telle qu'il se sente obligé de donner alors qu'il ne le souhaite pas au fond de lui. L'examen se fait à huis clos, et l'entretien peut durer une ou deux heures. Les décisions des experts ne sont pas motivées pour protéger le donneur.

En avez-vous refusé beaucoup ?

Quatre seulement depuis l'application du décret en juin 2005, et nous avons auditionné 140 donneurs vivants potentiels. Dans la plupart des cas, il n'y a pas de problème. Parfois nous refusons parce que nous sentons que le donneur n'est pas prêt. Dans un cas, nous nous sommes rendu compte en faisant venir un traducteur assermenté que le donneur, qui ne comprenait pas le français, avait été mal renseigné. Jusqu'alors c'était le receveur qui traduisait ce que disait le médecin au donneur. Il peut arriver aussi que nous refusions pour des raisons médicales. Le donneur prend un risque, nous devons être sûrs qu'il n'est pas disproportionné par rapport au bénéfice du receveur. Si nous avons l'impression que la greffe a peu de chance de réussir, nous préférons prendre un foie cadavérique".

Source :
Article de Julie LASTERADE
© Libération

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