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Canada : le ciel est la limite pour un greffé du coeur

SAINTE-CATHERINE - À l'âge de 20 ans, Sylvain Bédard a appris que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne se retrouve six pieds sous terre. Depuis, il a prouvé que les seules limites sont celles que l'on s'impose.

Greffé du cœur, l'homme de Victoriaville a vu sa vie basculer en 1980. Encore en deuil de sa sœur de 18 ans décédée d'une crise cardiaque, il apprend qu'il souffre de la même maladie, la cardiopathie hypertrophique.


" 'Comme il n'y avait pas de programme de greffes au Canada à l'époque, le médecin m'a dit de prendre ça cool. Je l'ai interprété à ma façon', se souvient le grand sportif, qui a déroulé le film de sa vie devant quelques membres de l'Association des gens d'affaires de La Citière-Roussillon mercredi.

L'adolescent 'décide de continuer à vivre' et garde une vie active. Sept ans passent avant que le constat de son médecin le frappe en pleine gueule. 'Je regarde ton dossier et il te reste quatre mois à vivre.'

L'optimisme et la vigueur du condamné l'aident à défier la science. Cinq ans plus tard, il assiste à la naissance du premier de ses cinq garçons. La vie reprend son cours et le travail l'amène en France, où il fait pour la première fois connaissance avec le Mont Blanc. Des problèmes de santé qu'il croit anodins le ramènent à la dure réalité. Sans greffe, lui annonce-t-on, son cœur ne tiendra pas le coup.

Il passe un an et demi sur une liste d'attente, dont les trois dernières semaines ont été agonisantes. 'Pour la première fois en vingt ans, je me suis permis de craquer. J'ai eu une bonne discussion avec ma sœur en haut, je lui reprochais de me lâcher.'

Le lendemain, il apprenait qu'on avait trouvé un donneur. 'Mon dernier enfant, Ulysse, est né après la greffe. Pour ceux qui se demandent encore s'ils doivent signer leur carte de don d'organes...', a-t-il laissé planer sans terminer sa phrase, se contentant de pointer une photo de son fils.

Le roi de la montagne
Avec un nouveau cœur, la pente n'est pas facile à remonter pour retrouver un rythme de vie normal. Pour certain, la facilité est ennuyante, le défi jamais trop gros. Sylvain Bédard est de ceux-là. 'Je me sentais prêt à affronter quelque chose que j'avais laissé derrière moi : mon Mont Blanc.' Rien de moins.

Après un an d'entraînement, le survivant s'attaque à sa montagne, un monstre de 4807 mètres d'une beauté incommensurable. L'ascension n'a rien d'une promenade du dimanche, mais le grimpeur garde le sommet bien en cible. 'Je me suis dit que si j'avais décidé d'arrêter chaque fois que j'ai vu quelqu'un mourir aux soins intensifs, j'y serais probablement resté. J'ai donc commencé à faire un pas pour chaque personne qui m'avait aidé dans ma guérison.'

C'est avec tout ce beau monde qu'il est devenu le premier greffé à atteindre l'apogée du mont Blanc en autonomie totale. 'Je me suis mis à genoux, j'ai embrassé le sol et j'ai vidé toutes les larmes de mon corps. Je n'avais pas seulement atteint le sommet, j'avais dépassé le mien.'

À peine redescendu, il décide de se donner un autre objectif. Son dévolu s'arrête sur le mont Sajama, le plus haut sommet de Bolivie dont le pic trône à 6500 mètres d'altitude. Il en fait cette fois un projet de plus grande envergure, dont les buts sont de faire la promotion du don d'organes et des bienfaits de l'activité physique. Il compte également amasser des données médicales pour les greffés en haute altitude.

L'équipe est plus grande et comprend entre autres des caméramans chargés de ramener des images pour un documentaire, qui a été diffusé depuis à Télé-Québec. Bolivia 6000, le nom du projet, espère compter à son bord les premiers greffés à franchir le cap des 6000 mètres. À 6120 mètres, presque arrivés au sommet, Sylvain Bédard et son ami Dave Smith, greffé du rein, décident d'écouter leur corps. La limite est atteinte, mais l'objectif est complété.

'C'est là que j'ai appris le respect. Le respect de la nature, le respect de toi-même, de tes limites. C'est la montagne qui décide si tu la montes. J'avais compris ça et j'ai pu redescendre la tête haute.'

Philosophe, peut-être malgré lui, l'homme de 38 ans est invité un peu partout, de Saint-Hyacinthe à Philadelphie, pour raconter son histoire et inspirer ceux qui ne l'ont pas toujours facile comme les autres qui ne jurent que par la loi du moindre effort.

'Je ne veux pas pouvoir dire : J'aurais donc dû. Si les gens avaient moins peur de vivre, ils auraient moins peur de mourir.' "

Source :
Le Reflet (Hebdo Canadien)
Les Hebdos Montérégiens
Article de Nicolas Landry

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