Merci de ne PAS poster de messages concernant la vente d'un organe et comportant des coordonnées téléphoniques, e-mail, etc. La loi française interdit la vente d'organes.

Donneur d’organes : on ne parle jamais du début de l’histoire : la réanimation du patient

Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) : Actualités :
Le Don d'Organes et la Greffe :
==> lien vers la page internet : cliquer ici.

"Les donneurs potentiels d’organes ont été, avant cela, des malades admis en réanimation. Médecins et infirmiers ont donné pour eux tout leur talent et ont malgré tout connu l’échec. Un échec qui se transforme en don de la vie parce qu’ils les réaniment et les maintiennent en état d’être prélevés. Pour le Professeur Marty, chef du service d’anesthésie-réanimation de Beaujon et premier vice-président de la Société française d’anesthésie-réanimation, c’est un rôle majeur dont on ne parle malheureusement pas assez".
Professeur Jean Marty
© François Marin / AP-HP

"La réanimation du donneur d’organes est la toute première partie de cette formidable histoire qu’est la greffe d’organes ! Sauf qu’on n’en parle jamais... Dans tous les films et reportages sur la greffe, s’insurge le professeur Jean Marty, chef du service d’anesthésie-réanimation de Beaujon et premier vice-président de la Société française d’anesthésie-réanimation, il y a une occultation quasi totale du rôle de la réanimation de ces patients-là. On ne voit démarrer généralement la belle histoire du receveur qui allait mourir faute d’organe et qui vit grâce au don, qu’au moment de la discussion entre l’infirmière coordinatrice et la famille en vue de l’obtention de l’accord du prélèvement des organes. C’est très beau mais on ne parle jamais de la première partie, celle qui n’est pas belle, qui est triste et qui consiste à réanimer le futur donneur d’organes. Or, la motivation de tous ceux qui font ce travail sans espoir de guérison, ni de gratification de la part de la famille, dépend aussi de la reconnaissance qu’on en a !"
© Didier Vlieghe / AP-HP

"Pour moi, poursuit-il, c’est injuste. C’est en quelque sorte une usurpation de bienfaisance... On a l’impression que les seuls qui font bien sont ceux qui greffent et ceux qui obtiennent des familles le don des organes. Mais il ne faut pas oublier que ceci n’est possible que s’il y a eu avant des infirmières et des médecins qui se sont fatigués le jour, la nuit, pour sauver des patients et qui en plus ont connu l’échec. Parce qu’avant d’être un donneur d’organes potentiel, la personne a subi un traumatisme crânien ou une hémorragie cérébrale, a été admise en réanimation dans un état grave et malheureusement n’a pas été guérie par les thérapeutiques entreprises. Le métier d’infirmière ou de médecin en réanimation est difficile et stressant. Un métier durant lequel se tissent des liens affectifs avec le malade et sa famille même si, en général, l’évolution des patients est assez rapide... et il reste toujours très difficile d’annoncer à des parents que leur fils ou leur fille vient de mourir et qu’il (ou elle) se trouve en état de mort cérébrale".
© François Marin / AP-HP

"Heureusement, insiste-t-il, nous avons aussi la satisfaction d’avoir des malades qui guérissent, ce qui atténue considérablement le caractère pénible de cette partie de notre travail lié au fait que certains meurent ! Dans un centre comme le nôtre, qui reçoit entre 600 et 700 malades chaque année, nous avons environ une quarantaine de patients en état de mort encéphalique. Parmi eux, quand on a enlevé les personnes qui présentent des contre-indications au prélèvement d’organes, ce sont entre 20 et 30 personnes qui sont maintenues en réanimation tout en étant en état de mort. Heureusement que cet état, qui représente toujours un échec insupportable pour nous, est compensé par le fait qu’il va se transformer en 'don pour la vie'. Sauf que cette partie de l’histoire, 'le début du film', on ne la voit jamais ! Il serait temps de la reconnaître et surtout de reconnaître le travail de ces acteurs... ceux qui travaillent en réanimation".
© Agnès Bodechon, le 18/06/03

La mort encéphalique : un état irréversible
© Agence de la biomédecine

"La mort encéphalique désigne la cessation irrémédiable de toutes les activités du cerveau, alors que la respiration et les battements du cœur peuvent être maintenus artificiellement par des techniques de réanimation, en vue d’un prélèvement et ce, pendant une durée limitée.
Alors que dans le cas d’un coma végétatif, le sang irrigue et oxygène le cerveau, dans celui d’une mort encéphalique, le sang ne circule plus dans les vaisseaux du cerveau.

Conditions du diagnostic de la mort encéphalique
L’examen clinique permet de vérifier qu’il y a absence totale de conscience et d’activité motrice spontanée, absence de tous les réflexes du tronc cérébral, absence de la respiration spontanée.
L’examen complémentaire : deux possibilités.

Soit, deux électroencéphalogrammes (EEG) à 4 heures d’intervalle. D’une durée de 30 minutes chacun, l’EEG enregistre les impulsions électriques produites par l’activité cérébrale à un moment donné. Lorsque son tracé est plat, il atteste de la destruction encéphalique, en dehors de toute intoxication médicamenteuse et en dehors de toute baisse de température du corps pouvant interférer avec l’activité cérébrale.
Soit une angiographie cérébrale. Cet examen radiologique consiste à injecter du produit de contraste dans les vaisseaux afin de montrer qu’il n’existe plus aucune vascularisation du cerveau, ce qui établit alors l’état de mort encéphalique".
Agence de la biomédecine

Développer une culture du don à l’hôpital
© Benoît Rajau / Editing pour l’Agence de la biomédecine

"La prise en charge du donneur potentiel d’organes commence habituellement dans le service de réanimation, mais il n’est pas rare qu’elle débute dans le service des urgences voire sur les lieux de l’accident ou du malaise.
Les médecins, après avoir tout mis en œuvre pour sauver le patient, constatent l’échec de leurs efforts et l’état clinique de mort encéphalique. Dans l’hypothèse d’un prélèvement, ils maintiennent artificiellement le fonctionnement des organes.
Ce maintien est délicat car l’état hémodynamique est souvent instable. La sélection du donneur incombe aux médecins (réanimateurs, urgentistes, médecins des prélèvements) qui s’assurent qu’il n’est pas porteur de maladies transmissibles ou pouvant altérer considérablement les organes. Cette sécurité est impérative car le malade en attente de greffe doit sans danger recevoir un organe de qualité, sa vie en dépend. Dans cette recherche, l’Agence de la biomédecine apporte 24 h sur 24, expertise et aide.
Dans un établissement de santé, l’équipe de coordination (médecins des prélèvements et coordinateurs) a un rôle majeur tant au niveau de l’activité de prélèvement de tissus que d’organes.
Elle a tout d’abord la mission de recenser tous les donneurs potentiels et intervient dans toutes les unités susceptibles d’héberger des malades en état grave : urgences, réanimations, neurologie ou neurochirurgie, services des soins intensifs...
Cette démarche demande des qualités de tact et de communication. Formée à ces tâches, elle peut être sollicitée même avant le diagnostic de la mort encéphalique, en tant qu’aide et conseil à l’organisation. Elle a pour tâches délicates, avec l’appui du réanimateur qui soignait la personne décédée, d’accueillir la famille du défunt, d’organiser les examens paracliniques de confirmation de la mort encéphalique et toute la logistique du prélèvement jusqu’à la restitution du corps à la famille. Après le don, elle reste disponible pour les familles des donneurs qui manifesteraient un besoin d’écoute. Ces relations après le prélèvement sont très importantes et permettent parfois de reconnaître des processus de deuil difficiles. La qualité de l’accueil des familles est déterminante dans l’acceptation ou non du don.
Pivots de la démarche qualité qui s’organise autour des prélèvements en collaboration avec l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé, les coordinateurs hospitaliers améliorent sans cesse la sécurité et la qualité de leurs actes dans l’unique but de permettre les meilleures greffes possibles. Parallèlement, ils développent la culture du don au sein de l’hôpital. Ils informent et forment, en collaboration avec les services de régulation et d’appui de l’Agence de la biomédecine. Ces services sont présents tout au long de chaque prélèvement et à la disposition, à chaque instant, de tous les acteurs hospitaliers, pour des conseils médicaux, techniques et logistiques".
A. B.

Le don : comment ça se passe ?

Les trois grands principes de la loi de bioéthique du 6 août 2004 sont le consentement, la gratuité du don et l’anonymat entre le donneur et le receveur.


- Principe du "consentement présumé" : toute personne est considérée consentante au don d’éléments de son corps après sa mort, en vue de greffe, si elle n’a pas manifesté son opposition de son vivant. La loi nous donne donc la liberté de décider personnellement. En cas de décès, le médecin demandera aux proches si le défunt était opposé au don d’organes.

- Gratuité : le don d’organes est un acte de générosité et de solidarité entièrement gratuit. La loi interdit toute rémunération en contrepartie de ce don.

- Anonymat : le nom du donneur ne peut être communiqué au receveur, et réciproquement. La famille du donneur peut cependant être informée des organes et tissus prélevés ainsi que du résultat des greffes, si elle le demande.

La coordinatrice, un maillon essentiel entre la famille et la réanimation

Chantal Bicocchi est cadre supérieur infirmier dans le service d’anesthésie-réanimation de l’hôpital Beaujon et présidente de l’Association française des coordinatrices hospitalières. Elle est chargée d’organiser les prélèvements d’organes. Pour que puisse s’engager la chaîne du don et de la greffe, elle s’assure que les conditions médicales nécessaires sont réunies. C’est ensuite en rencontrant la famille qu’elle cherche à savoir si le défunt était favorable au don d’organes.
Chantal Bicocchi
© François Marin / AP-HP

"Pour comprendre plus facilement son rôle de coordinatrice hospitalière de prélèvement d’organes et de tissus, Chantal Bicocchi nous expose le cas récent d’une patiente hospitalisée en réanimation. 'Il s’agissait d’une femme d’une cinquantaine d’années, explique-t-elle. Elle était entrée en réanimation pour une hémorragie cérébrale méningée provoquée par une rupture d’anévrisme après avoir subi une intervention chirurgicale afin de réduire la compression de son cerveau. Malheureusement, son état s’est progressivement aggravé et elle a présenté après quatre jours de réanimation des signes cliniques de passage en état de mort encéphalique. Durant ce temps, son mari ainsi que sa famille ont été informés régulièrement de la gravité de la situation par l’équipe de réanimation'. Ce qui leur a laissé le temps d’intégrer le fait qu’elle allait peut-être mourir. Malheureusement, dans la majorité des cas, le décès est brutal et les relations avec la famille sont beaucoup plus compliquées.
'Le samedi après-midi, poursuit-elle, les médecins ont demandé un électroencéphalogramme (EEG) afin de savoir si son cerveau était en état de mort définitif. Ce qui a été confirmé vers 23 heures. Vu l’heure, nous avions convenu avec les médecins de ne pas prévenir brutalement ce monsieur en pleine nuit. C’est donc à 6 h 30, le lendemain matin, que je l’ai appelé pour lui demander de venir à l’hôpital. Malheureusement, c’est sa fille de 18 ans qui a décroché... Elle s’est mise à hurler. Son papa, qui avait tout compris, a décidé qu’il ne viendrait pas à l’hôpital mais qu’il s’occuperait de sa fille. Je lui ai dit que j’aurais préféré le voir car j’avais des choses à voir avec lui. Il m’a répondu que je pouvais les lui dire au téléphone. Je l’ai donc informé que nous étions dans un contexte possible de don d’organes'.
La question du don d’organes n’est jamais abordée avec la famille tant que la mort n’est pas confirmée par deux EEG, réalisés à quatre heures d’intervalle, et tant que l’état virologique du patient n’est pas connu. Il serait inutile d’embêter les familles avec la question du don d’organes si ceux-ci n’étaient pas transplantables.
'En fait, quand je lui ai parlé de don, reprend-elle, il a tout de suite accepté. Il se trouve que ce monsieur, qui est représentant médical, s’était occupé l’année précédente de la journée de réflexion sur la greffe dans son laboratoire. Bien qu’il n’en ait jamais parlé avec sa femme, il pensait qu’elle n’était pas opposée au don'".

La famille confirme le consentement présumé de la personne
© Benoît Rajau / Editing pour l’Agence de la biomédecine

"Avant l’entretien avec la famille, la coordinatrice interroge généralement le registre des refus. Dans le cas présent, il convenait de s’assurer que cette femme ne s’était pas positionnée contre le don d’organes sans en avoir parlé avec son mari. L’entretien avec la famille permet donc de confirmer le consentement présumé de la personne.
'Ce que nous demandons à la famille, explique-t-elle, ce n’est pas ce que les membres souhaitent eux-mêmes mais ce que pensait la personne décédée de l’éventualité d’un don d’organes après sa mort. Cela évite à la famille de se sentir impliquée ou coupable en cas de refus'.
Au moment de l’entretien, la coordinatrice ne sait pas exactement quels organes pourront être prélevés. Toutes les investigations ne sont pas faites tant que la possibilité de prélever n’est pas confirmée par la famille. 'Comme cette femme était là depuis quelques jours, poursuit-elle, nous connaissions l’état de ses différents organes. Son mari n’ayant mis aucune restriction, nous pouvions commencer les investigations complémentaires'. L’ensemble des démarches à entreprendre en vue des prélèvements demande plusieurs heures. L’Agence de la biomédecine avait été prévenue dès le premier EEG afin de consulter la liste des personnes en attente, en fonction de la morphologie, du groupe sanguin puis du typage HLA pour les reins, etc. Ensuite, Chantal Bicocchi a contacté toutes les équipes de prélèvement et de greffe afin de tout organiser au mieux. Le temps de tout mettre en place, il était 14 h 30 quand cette femme est rentrée au bloc opératoire. Au total, les différentes interventions auront demandé près de six heures. Ce n’est que vers 20 heures que la famille reverra le corps de sa défunte. 'J’avais convenu de montrer le corps à la famille dans l’entrée du bloc opératoire, explique-t-elle. C’est très important de le faire dans de bonnes conditions. Je pense que cela la rassure de voir que le corps de la défunte n’est pas abîmé. Cela facilite le deuil'. Il est très important que la famille ne soit pas en souffrance par rapport à l’apparence du corps. Il faut absolument qu’elle sache que le prélèvement des organes se fait dans les mêmes conditions que toute autre intervention chirurgicale et qu’après le prélèvement, la peau est recousue et recouverte d’un pansement. Il faut aussi qu’elle sache qu’en cas de prélèvement des cornées, le chirurgien remet à la place une cornée en plastique de manière à maintenir le bombé de l’œil. Le don d’organes ne change rien quant aux funérailles, cela ne fait que différer un peu l’organisation des obsèques. Le deuil qui reste à vivre est le même, la générosité du don qui vient d’être fait permet peut-être de changer quelque peu la perception de la mort de la personne qui lui est chère".
A. B.

Le receveur : de la liste d’attente à la greffe

"La greffe relève d’une décision médicale. Les malades concernés sont inscrits sur la Liste nationale d’attente. La durée de cette attente dépend du nombre de greffons disponibles et du nombre de malades inscrits ou de facteurs qui sont propres à chacun comme le groupe sanguin ou le groupe tissulaire. Lorsqu’un organe est prélevé chez un sujet en état de mort encéphalique, il est attribué à un patient selon des règles précises.

Afin de pouvoir recevoir un greffon, le malade doit être inscrit sur la Liste nationale d’attente gérée par l’Agence de la biomédecine. Cette inscription s’effectue sous la responsabilité du centre de greffe dans lequel le patient est suivi. L’inscription simultanée dans plusieurs centres de greffe n’est cependant pas autorisée. La durée et les raisons d’attente d’un greffon restent très variables selon le type de greffe concerné".

Principe de la répartition et de l’attribution des organes

"Lorsqu’un organe est prélevé chez un sujet en état de mort encéphalique, il est attribué à un patient selon des règles précises. Ces règles de répartition, élaborées par les représentants des professionnels de la greffe, de la société civile et des autorités de tutelle sanitaire, sont homologuées par le ministre chargé de la Santé, publiées au Journal officiel et mises en œuvre par l’Agence de la biomédecine.
L’objectif est d’utiliser de la meilleure façon possible tous les greffons prélevés qui représentent une ressource rare.

Ces règles s’appuient sur les principes suivants :

l’équilibre entre la recherche du meilleur receveur pour un greffon donné, et la volonté d’assurer à l’ensemble des receveurs l’accès à la greffe le plus équitable possible ;
le respect des contraintes techniques liées au prélèvement, au transport et au maintien de la qualité du greffon ;
la nécessité de faciliter l’accès à la greffe pour certaines catégories prioritaires de receveurs, en raison de l’urgence vitale de l’intervention, ou encore de leur difficulté d’y accéder.
Il faut mentionner que certains malades peuvent, sous certaines conditions, bénéficier d’une proposition prioritaire de greffon :

les receveurs dont la vie est menacée à court terme ;
les receveurs pour lesquels la probabilité d’obtenir un greffon est très faible ;
les enfants de moins de seize ans.
Dans certains cas, l’avis d’un collège d’experts est sollicité pour l’attribution d’une priorité".

Recherche de donneur dans le cadre de greffe de moelle osseuse
© AP-HP

"Le médecin greffeur effectue en premier lieu une recherche intra-familiale. C’est dans l’entourage proche, et plus particulièrement au sein de la fratrie, que la compatibilité cellulaire, critère exclusif entre donneur et malade, reste la plus probable (environ 25 %). Si un donneur compatible n’est pas identifié dans le cercle familial, la recherche d’un donneur dont le typage HLA sera identique à celui du receveur sera effectuée sur le registre national, créé par l’association France Greffe de Moelle, qui recense tous les volontaires au don de moelle osseuse. Il permet aujourd’hui de gérer les demandes concernant les malades nationaux et internationaux et de transmettre aux médecins greffeurs les réponses possibles concernant les donneurs, après consultation du registre français et de l’ensemble des registres internationaux."

Le suivi du receveur

Un suivi thérapeutique
© Patricia Simon / AP-HP

"Pour tout type de greffe, le receveur devra accepter un suivi médical rigoureux et
régulier durant toute sa vie.
Dans le cadre d’une greffe d’organe, un traitement immunosuppresseur lui sera prescrit afin de prévenir et de traiter les épisodes de rejet aigus et de contrôler le rejet chronique en réduisant les réactions d’immunité responsables du rejet. Ce traitement diminue aussi les défenses contre les infections et augmente le risque de certains cancers".

Un suivi psychologique

"La maladie et l’attente d’un greffon sont souvent source de découragement. L’acceptation d’un élément provenant du corps humain d’autrui peut poser des problèmes psychologiques dans la phase post-opératoire. Une préparation et un suivi psychologiques peuvent être nécessaires".

Le taux de survie à 5 ans

"L’analyse des résultats des greffes est possible grâce à la collaboration des équipes qui transmettent leurs données à l’Agence de la biomédecine.
Les malades en attente de greffe d’organes sont souvent, à court terme, des patients condamnés. La greffe est vitale, excepté dans le cas d’une greffe rénale où la dialyse peut représenter une alternative, et reste le seul moyen de prolonger et d’améliorer leurs conditions de vie.
A cinq ans, le taux de survie est de 71,9 % pour les patients ayant bénéficié d’une greffe hépatique et de 60,4 % pour les greffés cardiaques. Le greffon rénal atteint, quant à lui, un taux de survie de 78 %.
La greffe de moelle osseuse atteint, dans le cadre de leucémie aiguë, un taux de 28 à 57 % et dans le cas de leucémie chronique, un taux de 36 à 61 %. Lorsqu’il s’agit de maladies constitutionnelles (maladies génétiques), les résultats atteignent 66 à 68 % de réussite. Dans la plupart des cas, la greffe permet une réinsertion sociale normale.
Les greffés peuvent reprendre une activité professionnelle ; certaines femmes peuvent avoir des enfants".

Agence de la biomédecine

Différents types de greffe : pourquoi et pour quels résultats ?

"La greffe est une thérapeutique efficace de prolongation de la vie chez les malades gravement menacés ou d’amélioration d’une vie très handicapée par la défaillance d’un organisme ou d’un tissu.

Les greffes d’organe et de moelle osseuse sont toujours pratiquées par une équipe spécialisée, officiellement autorisée à greffer par le ministère de la Santé. De nombreuses maladies sont aujourd’hui traitées avec succès par la greffe. Dans certains cas, comme par exemple la greffe de rein, la greffe est non seulement médicalement et humainement salutaire mais aussi source d’économies de santé, comme de récents travaux en sciences de l’économie ont pu le démontrer. Quelques exemples permettent de mesurer l’ampleur du champ médical auquel s’adresse la greffe.

Les greffes d’organes
Les greffes de moelle osseuse
Les greffes de tissus
Les greffes d’organes

Les greffes d’organes sont les plus connues.
Aujourd’hui :

La greffe de rein permet l’arrêt du traitement lourd que représente la dialyse.
La greffe de rein-pancréas est pratiquée chez certains insuffisants rénaux diabétiques.
Les greffes de foie, de poumons ou encore les greffes de cœur sont envisagées lorsque ces organes ne fonctionnent plus. Elles sont vitales et sont l’ultime solution thérapeutique pour les malades.
Les greffes de moelle osseuse

La greffe de moelle osseuse est une greffe différente de la greffe d’organe puisqu’il s’agit d’une substance (la moelle osseuse) qui, chez un donneur, se régénère. En ce sens, elle s’apparente au don de sang mais les modalités de prélèvement en sont plus contraignantes.
On parle dans le cadre de la moelle osseuse, d’autogreffe ou d’allogreffe. Ces termes renseignent sur l’origine du donneur de moelle osseuse :

L’autogreffe consiste à greffer la propre moelle du malade.
L’allogreffe consiste à greffer la moelle osseuse d’un donneur différent du receveur mais appartenant à la même espèce.
Cette greffe permet la reconstitution du système immunitaire et la guérison de
maladies graves, parfois mortelles. Elle n’est pas systématiquement proposée aux patients. En effet, dans certains cas, d’autres traitements existent qui peuvent être efficaces. En revanche, la greffe constitue une alternative thérapeutique essentielle lorsque ces traitements ont échoué.

Les greffes de tissus

Moins connues mais véritable enjeu de santé publique, les greffes de tissus recouvrent un large domaine médical :

La greffe de cornée, fine pellicule à la surface de l’œil, est pratiquée dans diverses maladies entraînant la perte de la transparence de ce tissu et donc une perte parfois totale de la vision.
La greffe de peau chez les grands brûlés est une urgence vitale et permet de maintenir le patient en vie jusqu’au recouvrement définitif des zones brûlées par sa propre peau.
La greffe de valves cardiaques ou d’artères est pratiquée dans certaines infections, au niveau d’une prothèse vasculaire par exemple.
La greffe d’os, dans de nombreux cas, pour reconstituer la continuité et la solidité de la 'charpente' du corps humain".
Agence de la biomédecine

Historique de la greffe

"La greffe concrétise un rêve, né au cours du XVIIIe siècle, de la compréhension progressive de l’origine des maladies. A cette époque, la déficience d’un organe est reconnue comme la cause d’une pathologie alors que, précédemment, la maladie était comprise comme l’envahissement du corps par une 'mauvaise ombre' qu’il s’agissait de chasser. Les médecins peuvent alors nourrir des espoirs de guérison en imaginant un acte thérapeutique révolutionnaire : remplacer, chez un patient, l’organe qui est la cause de sa maladie, grave et parfois mortelle, par un organe sain et fonctionnel, provenant d’un autre individu.
Les techniques chirurgicales permettant d’opérer ce 'changement' d’organe sont disponibles dès le début du XXe siècle mais les tentatives des pionniers de la greffe, notamment à Lyon, se soldent par le rejet de l’organe greffé par son hôte, phénomène incompris et alors inévitable. Il faut attendre les années 1950 pour observer les premières tentatives de greffes d’organes chez l’homme, avec un réel espoir d’y voir un moyen thérapeutique. A partir des années 1960, la découverte des mécanismes de l’immunité, la mise au point des premiers traitements immunosuppresseurs et les efforts concertés des spécialistes en Europe et aux Etats-Unis construisent progressivement la greffe comme un acte thérapeutique qui sauve des vies.
L’activité de greffe se place dans un cadre réglementaire issu de la loi Bioéthique de 1994 impliquant l’agence d’Etat, l’Agence de la biomédecine, spécifiquement créée à cet effet. En 2005, l’Agence de la biomédecine a repris dans le cadre de la révision des lois de bioéthique du 6 août 2004, les activités de prélèvement et de greffe de l’Etablissement Français des Greffes. L’organisation nationale actuelle permet de garantir la sécurité du patient tout en respectant les exigences qu’impose la loi en matière d’éthique, de sécurité sanitaire et de traçabilité".


Source :
Site internet de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP)

"Donneur d’organes : on ne parle jamais du début de l’histoire : la réanimation du patient"

Actualités : le magazine de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) : le don d'organes et la greffe.

"Les donneurs potentiels d’organes ont été, avant cela, des malades admis en réanimation. Médecins et infirmiers ont donné pour eux tout leur talent et ont malgré tout connu l’échec. Un échec qui se transforme en don de la vie parce qu’ils les réaniment et les maintiennent en état d’être prélevés. Pour le Professeur Marty, chef du service d’anesthésie-réanimation de Beaujon et premier vice-président de la Société française d’anesthésie-réanimation, c’est un rôle majeur dont on ne parle malheureusement pas assez".

Professeur Jean Marty
© François Marin / AP-HP

"La réanimation du donneur d’organes est la toute première partie de cette formidable histoire qu’est la greffe d’organes ! Sauf qu’on n’en parle jamais... 'Dans tous les films et reportages sur la greffe, s’insurge le professeur Jean Marty, chef du service d’anesthésie-réanimation de Beaujon et premier vice-président de la Société française d’anesthésie-réanimation, il y a une occultation quasi totale du rôle de la réanimation de ces patients-là. On ne voit démarrer généralement la belle histoire du receveur qui allait mourir faute d’organe et qui vit grâce au don, qu’au moment de la discussion entre l’infirmière coordinatrice et la famille en vue de l’obtention de l’accord du prélèvement des organes. C’est très beau mais on ne parle jamais de la première partie, celle qui n’est pas belle, qui est triste et qui consiste à réanimer le futur donneur d’organes'. Or, la motivation de tous ceux qui font ce travail sans espoir de guérison, ni de gratification de la part de la famille, dépend aussi de la reconnaissance qu’on en a !"

© Didier Vlieghe / AP-HP

"Pour moi, poursuit-il, c’est injuste. C’est en quelque sorte une usurpation de bienfaisance... On a l’impression que les seuls qui font bien sont ceux qui greffent et ceux qui obtiennent des familles le don des organes. Mais il ne faut pas oublier que ceci n’est possible que s’il y a eu avant des infirmières et des médecins qui se sont fatigués le jour, la nuit, pour sauver des patients et qui en plus ont connu l’échec. Parce qu’avant d’être un donneur d’organes potentiel, la personne a subi un traumatisme crânien ou une hémorragie cérébrale, a été admise en réanimation dans un état grave et malheureusement n’a pas été guérie par les thérapeutiques entreprises. Le métier d’infirmière ou de médecin en réanimation est difficile et stressant. Un métier durant lequel se tissent des liens affectifs avec le malade et sa famille même si, en général, l’évolution des patients est assez rapide... et il reste toujours très difficile d’annoncer à des parents que leur fils ou leur fille vient de mourir et qu’il (ou elle) se trouve en état de mort cérébrale".

© François Marin / AP-HP

"Heureusement, insiste-t-il, nous avons aussi la satisfaction d’avoir des malades qui guérissent, ce qui atténue considérablement le caractère pénible de cette partie de notre travail lié au fait que certains meurent ! Dans un centre comme le nôtre, qui reçoit entre 600 et 700 malades chaque année, nous avons environ une quarantaine de patients en état de mort encéphalique. Parmi eux, quand on a enlevé les personnes qui présentent des contre-indications au prélèvement d’organes, ce sont entre 20 et 30 personnes qui sont maintenues en réanimation tout en étant en état de mort. Heureusement que cet état, qui représente toujours un échec insupportable pour nous, est compensé par le fait qu’il va se transformer en 'don pour la vie'. Sauf que cette partie de l’histoire, 'le début du film', on ne la voit jamais ! Il serait temps de la reconnaître et surtout de reconnaître le travail de ces acteurs... ceux qui travaillent en réanimation".

© Agnès Bodechon, le 18/06/03


La mort encéphalique : un état irréversible

© Agence de la biomédecine

"La mort encéphalique désigne la cessation irrémédiable de toutes les activités du cerveau, alors que la respiration et les battements du cœur peuvent être maintenus artificiellement par des techniques de réanimation, en vue d’un prélèvement et ce, pendant une durée limitée. Alors que dans le cas d’un coma végétatif, le sang irrigue et oxygène le cerveau, dans celui d’une mort encéphalique, le sang ne circule plus dans les vaisseaux du cerveau.

Conditions du diagnostic de la mort encéphalique
L’examen clinique permet de vérifier qu’il y a absence totale de conscience et d’activité motrice spontanée, absence de tous les réflexes du tronc cérébral, absence de la respiration spontanée.

L’examen complémentaire : deux possibilités.

Soit, deux électroencéphalogrammes (EEG) à 4 heures d’intervalle. D’une durée de 30 minutes chacun, l’EEG enregistre les impulsions électriques produites par l’activité cérébrale à un moment donné. Lorsque son tracé est plat, il atteste de la destruction encéphalique, en dehors de toute intoxication médicamenteuse et en dehors de toute baisse de température du corps pouvant interférer avec l’activité cérébrale.
Soit une angiographie cérébrale. Cet examen radiologique consiste à injecter du produit de contraste dans les vaisseaux afin de montrer qu’il n’existe plus aucune vascularisation du cerveau, ce qui établit alors l’état de mort encéphalique".
Agence de la biomédecine

Développer une culture du don à l’hôpital
© Benoît Rajau / Editing pour l’Agence de la biomédecine

"La prise en charge du donneur potentiel d’organes commence habituellement dans le service de réanimation, mais il n’est pas rare qu’elle débute dans le service des urgences voire sur les lieux de l’accident ou du malaise.
Les médecins, après avoir tout mis en œuvre pour sauver le patient, constatent l’échec de leurs efforts et l’état clinique de mort encéphalique. Dans l’hypothèse d’un prélèvement, ils maintiennent artificiellement le fonctionnement des organes.
Ce maintien est délicat car l’état hémodynamique est souvent instable. La sélection du donneur incombe aux médecins (réanimateurs, urgentistes, médecins des prélèvements) qui s’assurent qu’il n’est pas porteur de maladies transmissibles ou pouvant altérer considérablement les organes. Cette sécurité est impérative car le malade en attente de greffe doit sans danger recevoir un organe de qualité, sa vie en dépend. Dans cette recherche, l’Agence de la biomédecine apporte 24 h sur 24, expertise et aide.
Dans un établissement de santé, l’équipe de coordination (médecins des prélèvements et coordinateurs) a un rôle majeur tant au niveau de l’activité de prélèvement de tissus que d’organes.
Elle a tout d’abord la mission de recenser tous les donneurs potentiels et intervient dans toutes les unités susceptibles d’héberger des malades en état grave : urgences, réanimations, neurologie ou neurochirurgie, services des soins intensifs...
Cette démarche demande des qualités de tact et de communication. Formée à ces tâches, elle peut être sollicitée même avant le diagnostic de la mort encéphalique, en tant qu’aide et conseil à l’organisation. Elle a pour tâches délicates, avec l’appui du réanimateur qui soignait la personne décédée, d’accueillir la famille du défunt, d’organiser les examens paracliniques de confirmation de la mort encéphalique et toute la logistique du prélèvement jusqu’à la restitution du corps à la famille. Après le don, elle reste disponible pour les familles des donneurs qui manifesteraient un besoin d’écoute. Ces relations après le prélèvement sont très importantes et permettent parfois de reconnaître des processus de deuil difficiles. La qualité de l’accueil des familles est déterminante dans l’acceptation ou non du don.

Pivots de la démarche qualité qui s’organise autour des prélèvements en collaboration avec l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé, les coordinateurs hospitaliers améliorent sans cesse la sécurité et la qualité de leurs actes dans l’unique but de permettre les meilleures greffes possibles. Parallèlement, ils développent la culture du don au sein de l’hôpital. Ils informent et forment, en collaboration avec les services de régulation et d’appui de l’Agence de la biomédecine. Ces services sont présents tout au long de chaque prélèvement et à la disposition, à chaque instant, de tous les acteurs hospitaliers, pour des conseils médicaux, techniques et logistiques".
A. B.

Le don : comment ça se passe ?

Les trois grands principes de la loi de bioéthique du 6 août 2004 sont le consentement, la gratuité du don et l’anonymat entre le donneur et le receveur.


- Principe du "consentement présumé" : toute personne est considérée consentante au don d’éléments de son corps après sa mort, en vue de greffe, si elle n’a pas manifesté son opposition de son vivant. La loi nous donne donc la liberté de décider personnellement. En cas de décès, le médecin demandera aux proches si le défunt était opposé au don d’organes.

- Gratuité : le don d’organes est un acte de générosité et de solidarité entièrement gratuit. La loi interdit toute rémunération en contrepartie de ce don.

- Anonymat : le nom du donneur ne peut être communiqué au receveur, et réciproquement. La famille du donneur peut cependant être informée des organes et tissus prélevés ainsi que du résultat des greffes, si elle le demande.


La coordinatrice, un maillon essentiel entre la famille et la réanimation

"Chantal Bicocchi est cadre supérieur infirmier dans le service d’anesthésie-réanimation de l’hôpital Beaujon et présidente de l’Association française des coordinatrices hospitalières. Elle est chargée d’organiser les prélèvements d’organes. Pour que puisse s’engager la chaîne du don et de la greffe, elle s’assure que les conditions médicales nécessaires sont réunies. C’est ensuite en rencontrant la famille qu’elle cherche à savoir si le défunt était favorable au don d’organes".

Chantal Bicocchi
© François Marin / AP-HP

"Pour comprendre plus facilement son rôle de coordinatrice hospitalière de prélèvement d’organes et de tissus, Chantal Bicocchi nous expose le cas récent d’une patiente hospitalisée en réanimation. 'Il s’agissait d’une femme d’une cinquantaine d’années, explique-t-elle. Elle était entrée en réanimation pour une hémorragie cérébrale méningée provoquée par une rupture d’anévrisme après avoir subi une intervention chirurgicale afin de réduire la compression de son cerveau. Malheureusement, son état s’est progressivement aggravé et elle a présenté après quatre jours de réanimation des signes cliniques de passage en état de mort encéphalique. Durant ce temps, son mari ainsi que sa famille ont été informés régulièrement de la gravité de la situation par l’équipe de réanimation'. Ce qui leur a laissé le temps d’intégrer le fait qu’elle allait peut-être mourir. Malheureusement, dans la majorité des cas, le décès est brutal et les relations avec la famille sont beaucoup plus compliquées.
'Le samedi après-midi, poursuit-elle, les médecins ont demandé un électroencéphalogramme (EEG) afin de savoir si son cerveau était en état de mort définitif. Ce qui a été confirmé vers 23 heures. Vu l’heure, nous avions convenu avec les médecins de ne pas prévenir brutalement ce monsieur en pleine nuit. C’est donc à 6 h 30, le lendemain matin, que je l’ai appelé pour lui demander de venir à l’hôpital. Malheureusement, c’est sa fille de 18 ans qui a décroché... Elle s’est mise à hurler. Son papa, qui avait tout compris, a décidé qu’il ne viendrait pas à l’hôpital mais qu’il s’occuperait de sa fille. Je lui ai dit que j’aurais préféré le voir car j’avais des choses à voir avec lui. Il m’a répondu que je pouvais les lui dire au téléphone. Je l’ai donc informé que nous étions dans un contexte possible de don d’organes'.
La question du don d’organes n’est jamais abordée avec la famille tant que la mort n’est pas confirmée par deux EEG, réalisés à quatre heures d’intervalle, et tant que l’état virologique du patient n’est pas connu. Il serait inutile d’embêter les familles avec la question du don d’organes si ceux-ci n’étaient pas transplantables.
'En fait, quand je lui ai parlé de don, reprend-elle, il a tout de suite accepté. Il se trouve que ce monsieur, qui est représentant médical, s’était occupé l’année précédente de la journée de réflexion sur la greffe dans son laboratoire. Bien qu’il n’en ait jamais parlé avec sa femme, il pensait qu’elle n’était pas opposée au don.'"

La famille confirme le consentement présumé de la personne
© Benoît Rajau / Editing pour l’Agence de la biomédecine

"Avant l’entretien avec la famille, la coordinatrice interroge généralement le registre des refus. Dans le cas présent, il convenait de s’assurer que cette femme ne s’était pas positionnée contre le don d’organes sans en avoir parlé avec son mari. L’entretien avec la famille permet donc de confirmer le consentement présumé de la personne.
'Ce que nous demandons à la famille, explique-t-elle, ce n’est pas ce que les membres souhaitent eux-mêmes mais ce que pensait la personne décédée de l’éventualité d’un don d’organes après sa mort. Cela évite à la famille de se sentir impliquée ou coupable en cas de refus'.
Au moment de l’entretien, la coordinatrice ne sait pas exactement quels organes pourront être prélevés. Toutes les investigations ne sont pas faites tant que la possibilité de prélever n’est pas confirmée par la famille. 'Comme cette femme était là depuis quelques jours, poursuit-elle, nous connaissions l’état de ses différents organes. Son mari n’ayant mis aucune restriction, nous pouvions commencer les investigations complémentaires.' L’ensemble des démarches à entreprendre en vue des prélèvements demande plusieurs heures. L’Agence de la biomédecine avait été prévenue dès le premier EEG afin de consulter la liste des personnes en attente, en fonction de la morphologie, du groupe sanguin puis du typage HLA pour les reins, etc. Ensuite, Chantal Bicocchi a contacté toutes les équipes de prélèvement et de greffe afin de tout organiser au mieux. Le temps de tout mettre en place, il était 14 h 30 quand cette femme est rentrée au bloc opératoire. Au total, les différentes interventions auront demandé près de six heures. Ce n’est que vers 20 heures que la famille reverra le corps de sa défunte. 'J’avais convenu de montrer le corps à la famille dans l’entrée du bloc opératoire, explique-t-elle. C’est très important de le faire dans de bonnes conditions. Je pense que cela la rassure de voir que le corps de la défunte n’est pas abîmé. Cela facilite le deuil'. Il est très important que la famille ne soit pas en souffrance par rapport à l’apparence du corps. Il faut absolument qu’elle sache que le prélèvement des organes se fait dans les mêmes conditions que toute autre intervention chirurgicale et qu’après le prélèvement, la peau est recousue et recouverte d’un pansement. Il faut aussi qu’elle sache qu’en cas de prélèvement des cornées, le chirurgien remet à la place une cornée en plastique de manière à maintenir le bombé de l’œil. Le don d’organes ne change rien quant aux funérailles, cela ne fait que différer un peu l’organisation des obsèques. Le deuil qui reste à vivre est le même, la générosité du don qui vient d’être fait permet peut-être de changer quelque peu la perception de la mort de la personne qui lui est chère".
A. B.

Le receveur : de la liste d’attente à la greffe

"La greffe relève d’une décision médicale. Les malades concernés sont inscrits sur la Liste nationale d’attente. La durée de cette attente dépend du nombre de greffons disponibles et du nombre de malades inscrits ou de facteurs qui sont propres à chacun comme le groupe sanguin ou le groupe tissulaire. Lorsqu’un organe est prélevé chez un sujet en état de mort encéphalique, il est attribué à un patient selon des règles précises.

Afin de pouvoir recevoir un greffon, le malade doit être inscrit sur la Liste nationale d’attente gérée par l’Agence de la biomédecine. Cette inscription s’effectue sous la responsabilité du centre de greffe dans lequel le patient est suivi. L’inscription simultanée dans plusieurs centres de greffe n’est cependant pas autorisée. La durée et les raisons d’attente d’un greffon restent très variables selon le type de greffe concerné".

Principe de la répartition et de l’attribution des organes

Lorsqu’un organe est prélevé chez un sujet en état de mort encéphalique, il est attribué à un patient selon des règles précises. Ces règles de répartition, élaborées par les représentants des professionnels de la greffe, de la société civile et des autorités de tutelle sanitaire, sont homologuées par le ministre chargé de la Santé, publiées au Journal officiel et mises en œuvre par l’Agence de la biomédecine.
L’objectif est d’utiliser de la meilleure façon possible tous les greffons prélevés qui représentent une ressource rare.

Ces règles s’appuient sur les principes suivants :

l’équilibre entre la recherche du meilleur receveur pour un greffon donné, et la volonté d’assurer à l’ensemble des receveurs l’accès à la greffe le plus équitable possible ;
le respect des contraintes techniques liées au prélèvement, au transport et au maintien de la qualité du greffon ;
la nécessité de faciliter l’accès à la greffe pour certaines catégories prioritaires de receveurs, en raison de l’urgence vitale de l’intervention, ou encore de leur difficulté d’y accéder.
Il faut mentionner que certains malades peuvent, sous certaines conditions, bénéficier d’une proposition prioritaire de greffon :

les receveurs dont la vie est menacée à court terme ;
les receveurs pour lesquels la probabilité d’obtenir un greffon est très faible ;
les enfants de moins de seize ans.
Dans certains cas, l’avis d’un collège d’experts est sollicité pour l’attribution d’une priorité.

Recherche de donneur dans le cadre de greffe de moelle osseuse
© AP-HP

"Le médecin greffeur effectue en premier lieu une recherche intra-familiale. C’est dans l’entourage proche, et plus particulièrement au sein de la fratrie, que la compatibilité cellulaire, critère exclusif entre donneur et malade, reste la plus probable (environ 25 %). Si un donneur compatible n’est pas identifié dans le cercle familial, la recherche d’un donneur dont le typage HLA sera identique à celui du receveur sera effectuée sur le registre national, créé par l’association France Greffe de Moelle, qui recense tous les volontaires au don de moelle osseuse. Il permet aujourd’hui de gérer les demandes concernant les malades nationaux et internationaux et de transmettre aux médecins greffeurs les réponses possibles concernant les donneurs, après consultation du registre français et de l’ensemble des registres internationaux".

Le suivi du receveur

Un suivi thérapeutique
© Patricia Simon / AP-HP

"Pour tout type de greffe, le receveur devra accepter un suivi médical rigoureux et
régulier durant toute sa vie.
Dans le cadre d’une greffe d’organe, un traitement immunosuppresseur lui sera prescrit afin de prévenir et de traiter les épisodes de rejet aigus et de contrôler le rejet chronique en réduisant les réactions d’immunité responsables du rejet. Ce traitement diminue aussi les défenses contre les infections et augmente le risque de certains cancers".

Un suivi psychologique

La maladie et l’attente d’un greffon sont souvent source de découragement. L’acceptation d’un élément provenant du corps humain d’autrui peut poser des problèmes psychologiques dans la phase post-opératoire. Une préparation et un suivi psychologiques peuvent être nécessaires.


Le taux de survie à 5 ans

"L’analyse des résultats des greffes est possible grâce à la collaboration des équipes qui transmettent leurs données à l’Agence de la biomédecine.
Les malades en attente de greffe d’organes sont souvent, à court terme, des patients condamnés. La greffe est vitale, excepté dans le cas d’une greffe rénale où la dialyse peut représenter une alternative, et reste le seul moyen de prolonger et d’améliorer leurs conditions de vie.
A cinq ans, le taux de survie est de 71,9 % pour les patients ayant bénéficié d’une greffe hépatique et de 60,4 % pour les greffés cardiaques. Le greffon rénal atteint, quant à lui, un taux de survie de 78 %.
La greffe de moelle osseuse atteint, dans le cadre de leucémie aiguë, un taux de 28 à 57 % et dans le cas de leucémie chronique, un taux de 36 à 61 %. Lorsqu’il s’agit de maladies constitutionnelles (maladies génétiques), les résultats atteignent 66 à 68 % de réussite. Dans la plupart des cas, la greffe permet une réinsertion sociale normale.
Les greffés peuvent reprendre une activité professionnelle ; certaines femmes peuvent avoir des enfants.

Agence de la biomédecine

Différents types de greffe : pourquoi et pour quels résultats ?

"La greffe est une thérapeutique efficace de prolongation de la vie chez les malades gravement menacés ou d’amélioration d’une vie très handicapée par la défaillance d’un organisme ou d’un tissu.

Les greffes d’organe et de moelle osseuse sont toujours pratiquées par une équipe spécialisée, officiellement autorisée à greffer par le ministère de la Santé. De nombreuses maladies sont aujourd’hui traitées avec succès par la greffe. Dans certains cas, comme par exemple la greffe de rein, la greffe est non seulement médicalement et humainement salutaire mais aussi source d’économies de santé, comme de récents travaux en sciences de l’économie ont pu le démontrer. Quelques exemples permettent de mesurer l’ampleur du champ médical auquel s’adresse la greffe.

Les greffes d’organes
Les greffes de moelle osseuse
Les greffes de tissus
Les greffes d’organes

Les greffes d’organes sont les plus connues.
Aujourd’hui :

La greffe de rein permet l’arrêt du traitement lourd que représente la dialyse.
La greffe de rein-pancréas est pratiquée chez certains insuffisants rénaux diabétiques.
Les greffes de foie, de poumons ou encore les greffes de cœur sont envisagées lorsque ces organes ne fonctionnent plus. Elles sont vitales et sont l’ultime solution thérapeutique pour les malades.

Les greffes de moelle osseuse

La greffe de moelle osseuse est une greffe différente de la greffe d’organe puisqu’il s’agit d’une substance (la moelle osseuse) qui, chez un donneur, se régénère. En ce sens, elle s’apparente au don de sang mais les modalités de prélèvement en sont plus contraignantes.
On parle dans le cadre de la moelle osseuse, d’autogreffe ou d’allogreffe. Ces termes renseignent sur l’origine du donneur de moelle osseuse :

L’autogreffe consiste à greffer la propre moelle du malade.
L’allogreffe consiste à greffer la moelle osseuse d’un donneur différent du receveur mais appartenant à la même espèce.
Cette greffe permet la reconstitution du système immunitaire et la guérison de
maladies graves, parfois mortelles. Elle n’est pas systématiquement proposée aux patients. En effet, dans certains cas, d’autres traitements existent qui peuvent être efficaces. En revanche, la greffe constitue une alternative thérapeutique essentielle lorsque ces traitements ont échoué.

Les greffes de tissus

Moins connues mais véritable enjeu de santé publique, les greffes de tissus recouvrent un large domaine médical :

La greffe de cornée, fine pellicule à la surface de l’œil, est pratiquée dans diverses maladies entraînant la perte de la transparence de ce tissu et donc une perte parfois totale de la vision.
La greffe de peau chez les grands brûlés est une urgence vitale et permet de maintenir le patient en vie jusqu’au recouvrement définitif des zones brûlées par sa propre peau.
La greffe de valves cardiaques ou d’artères est pratiquée dans certaines infections, au niveau d’une prothèse vasculaire par exemple.
La greffe d’os, dans de nombreux cas, pour reconstituer la continuité et la solidité de la 'charpente' du corps humain".
Agence de la biomédecine

Historique de la greffe

"La greffe concrétise un rêve, né au cours du XVIIIe siècle, de la compréhension progressive de l’origine des maladies. A cette époque, la déficience d’un organe est reconnue comme la cause d’une pathologie alors que, précédemment, la maladie était comprise comme l’envahissement du corps par une 'mauvaise ombre' qu’il s’agissait de chasser. Les médecins peuvent alors nourrir des espoirs de guérison en imaginant un acte thérapeutique révolutionnaire : remplacer, chez un patient, l’organe qui est la cause de sa maladie, grave et parfois mortelle, par un organe sain et fonctionnel, provenant d’un autre individu.
Les techniques chirurgicales permettant d’opérer ce 'changement' d’organe sont disponibles dès le début du XXe siècle mais les tentatives des pionniers de la greffe, notamment à Lyon, se soldent par le rejet de l’organe greffé par son hôte, phénomène incompris et alors inévitable. Il faut attendre les années 1950 pour observer les premières tentatives de greffes d’organes chez l’homme, avec un réel espoir d’y voir un moyen thérapeutique. A partir des années 1960, la découverte des mécanismes de l’immunité, la mise au point des premiers traitements immunosuppresseurs et les efforts concertés des spécialistes en Europe et aux Etats-Unis construisent progressivement la greffe comme un acte thérapeutique qui sauve des vies.
L’activité de greffe se place dans un cadre réglementaire issu de la loi Bioéthique de 1994 impliquant l’agence d’Etat, l’Agence de la biomédecine, spécifiquement créée à cet effet. En 2005, l’Agence de la biomédecine a repris dans le cadre de la révision des lois de bioéthique du 6 août 2004, les activités de prélèvement et de greffe de l’Etablissement Français des Greffes. L’organisation nationale actuelle permet de garantir la sécurité du patient tout en respectant les exigences qu’impose la loi en matière d’éthique, de sécurité sanitaire et de traçabilité".


Source :
Site Internet de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP)

Nouvelle-Calédonie : le Gouvernement souhaite l’extension de la loi sur la Bioéthique

"Voici les principales décisions prises par le gouvernement, jeudi, lors de sa dernière réunion hebdomadaire.

• Extension de la loi sur la Bioéthique
Le gouvernement a émis le vœu que l’Etat étende à la Nouvelle-Calédonie certaines dispositions de la loi bioéthique du 6 août 2004 afin de permettre la greffe d’organes et de tissus, à partir de dons de certains éléments et produits du corps humain. Des projets de prélèvements d’organes (rein et cornée) sont envisagés en Nouvelle-Calédonie sur des personnes décédées.
'En effet, face à l’évolution de l’insuffisance rénale en Nouvelle-Calédonie, au nombre de patients calédoniens en attente de greffes (50 patients), souvent plus jeunes qu’en métropole, à la nécessité pour eux de s’éloigner de leur famille et au délai d’attente de greffe, il devient urgent d’adopter une réglementation locale permettant le don d’organes ainsi que les greffes', indique le gouvernement."

[...]

Source : Les Nouvelles Calédoniennes

Is Brain-Dead Really Dead?

"The scenario is familiar: tragic accident, young victim, distraught family. Follow-up media coverage reports approvingly of the donation of the brain-dead victim's organs. The family expresses relief that some good has arisen from what could have been merely a senseless tragedy.

Most would find little controversy in donating the organs of a brain-dead patient. However, a small but growing number of experts are protesting what they deem too hasty a rush to procure transplantable organs - so hasty that so-called 'brain-dead' patients are in fact alive when they are put to the knife.

'Brain death is not for diagnosing somebody who is dead. It's for creating a fiction for the determination of death, in order to get organs,' says Dr. Paul Byrne, a Toledo, Ohio physician who has studied the subject of brain death for 20 years.

But Dr. Christopher DeGiorgio, professor of neurology and neurological surgery at the University of Southern California, feels that using the diagnosis of brain death to procure organs for transplant is positive and morally acceptable. 'When the organs of a brain-dead individual are transplanted, they can save the life of seven or eight people,' he points out. 'You've got two kidneys, one heart, valve, lung, liver, corneas, all sorts of things that can benefit living people.'



The Uniform Determination of Death Act (UDDA), adopted by most states, defines brain death as the 'irreversible cessation of all functions of the entire brain, including the brain stem.' The act states that patients are legally dead when they fulfill either the traditional criteria for death - cessation of breathing and heartbeat - or when they are brain-dead. Due to the use of artificial life support, many patients are now pronounced brain-dead before their heart and lungs stop. Although these individuals are legally dead, they may be kept on artificial life support in order to preserve their organs for transplant.

'To refer to someone who is on a ventilator, whose heart is beating, and [who has] blood pressure and other findings that we identify with being alive, as a cadaver, is simply not the truth,' maintains Byrne, a board-certified pediatrician and neonatologist. The term 'coma,' even 'irreversible coma,' describes 'someone who's alive, not someone who's dead,' he says.

Dr. DeGiorgio appears to agree with Byrne on this point. 'From a purely metaphysical point of view,' he says, 'one can still argue that as long as the heart is beating, you have a human being. Again, [the definition of brain death] is a medical-legal definition, it is an artificial definition, because it is a criteria for death, but it doesn't mean that a variety of the individual organs aren't functioning.' The word 'brain-dead' is a misnomer. Technically the person is not dead, but legally he is, and in the medical community he's dead, even though he is a body with organs. What we're saying is that we have decided as a society that these individuals are no longer alive, and that we're defining death as either death of the heart or vascular system, or irreversible cessation of function of the brain. What we're talking about is a mechanism to allow us to withdraw life support.'

Dr. DeGiorgio, a Catholic, cites Pope Pius XII's 1957 address to the International Congress of Anesthesiologists, which alluded to a distinction between the life of an organism and the life of its cells. DeGiorgio interprets this as saying that 'it was up to physicians to determine criteria for death. There was this idea that once the person had stopped functioning as an integrated organism, even though he may have a collection of organs that may be functioning independently, that person may be considered dead. The pope, from the late 1950s, recognized that indeed it was up to physicians to provide criteria for death in cases where the heart or the kidneys may still be functioning, but the brain is not functioning.'

Byrne points out that Pius XII's statement cited by DeGiorgio reads in full: 'But considerations of a general nature allow us to believe that human life continues for as long as its vital functions - distinguished from the simple life of organs - manifest themselves spontaneously or even with the help of artificial processes.' According to Byrne, this quote, in which the Pope specifically refers to comatose patients, has been widely misquoted with the word "unless" replacing the phrase "or even," which reverses its meaning.

'There is some modest debate among theologians about if there really is something called brain death,' DeGiorgio admits. 'But the Catholic church recognizes the validity of brain death guidelines.' (He is unable to cite an additional Vatican source for this statement.)

This 'modest debate' extends beyond theologians to physicians and bioethicists. The objection most frequently raised is that current criteria for determining brain death cannot adequately assess the presence or absence of irreversible coma. In a book entitled 'Life, Life Support, and Death' (published by the American Life League), nine physician co-authors -including Paul Byrne- argue that, 'Brain-related criteria are flawed not only in scientific theory but also in application. In order to fulfill the current 'brain death' criteria, the entire brain stem must not be functioning. In fact and in practice, however, often only some brain stem reflexes...are evaluated... Although there are other functions of the brain stem, including maintaining a normal body temperature, producing hormones via the hypothalamic-pituitary axis, neurogenic control of heart rate and maintenance of normal blood pressure, either these brain functions are not considered at all or they are said to be inapplicable or insignificant for determining death.'

It is possible, by continuing to ventilate a brain-dead patient, to test the diagnosis of death. If cardio-pulmonary death - that is, death in the classical sense - has occurred, in a short time the patient's heartbeat will slow and become irregular, despite continued ventilation. Eventually, no amount of artificial life support will be able to sustain the heartbeat. By the time this occurs, however, lack of oxygen likely will have damaged the vital organs. The deceased patient will no longer be a source of viable organs. Therefore, there is little interest in confirming death in this manner.

There may be a further reason why such confirmatory tests are not done - namely, that most 'brain-dead' patients are not truly dead. According to DeGiorgio, 'You can keep somebody on life support for a few days or a few weeks at the longest, but generally people do not survive past two weeks who are truly brain-dead.' Yet Byrne cites cases of brain-dead individuals who have survived for long periods of time, even years.

A casual search of pro-life resources soon reveals ten such cases, the most gruesome being that of a 'brain-dead' patient who put his arm around the assisting nurse as he was about to have his heart removed for transplant (Journal of California Nurses for Ethical Standards, September 1996).

Further evidence is provided by Dr. Alan Shewmon in his article 'Recovery from 'Brain Death': A Neurologist's Apologia' published in the Linacre Quarterly. Dr. Shewmon cites a collection of over 30 cases of protracted survival of brain-dead patients, ranging from one week to nine months, with half of these patients surviving over eight weeks. There are other documented accounts of patients who have been diagnosed as brain-dead, and who have later recovered consciousness. Such cases, though, are rare.

As further evidence, Byrne and his colleagues maintain it is impossible to transplant vital organs from a corpse. 'The present state of the art for these vital organs is such that they have to come from someone who is alive,' says Byrne. 'It takes about an hour of operating to get the heart out, during which time the heart has to be living, and many other organs and systems of the body are also functioning, while they take the heart out. Likewise, to get a liver out, it takes perhaps three hours of operating. Without circulation, the heart becomes not able to be used for transplant in about three or four minutes. The liver becomes not useful for transplant in about three or four minutes. Not useful for transplant means that the tissue of the heart or the tissue of the liver becomes destroyed so it's no longer what it was before.'

If such reports of prolonged survival are relatively few, it could be because the diagnosis of brain death becomes a self-fulfilling prophecy. As Dr. Byrne notes wryly, 'No one ever recovers if their heart is cut out.'

As a solution, Dr. Byrne and his colleagues advocate a return to the traditional cardio-pulmonary standard for determining death, with the additional caveat that, 'No one shall be determined or declared dead unless and until there is destruction of at least the three basic unifying systems of the body, namely, the circulatory and respiratory systems, and the entire brain.' Although the application of this standard 'would preclude transplantation of unimpaired vital organs,' they believe that 'it is the only acceptable standard to ensure that living human beings are not treated with the scientifically inaccurate and morally repugnant haste that leads to a premature grave.'

The ultimate issue, Byrne says, is the progressive devaluation of human life. He believes that the acceptance of brain death was a major step in the acceptance of abortion. Because of the 1968 Harvard Criteria defining irreversible coma as 'brain death,' he says, 'the medical community accepted that absence of brain function was sufficient to call someone less than human. That was part of preparing them for the acceptance of abortion. If you have certain human beings in intensive care units, and you can call them something less than human, so that you can get organs, why can't you have other human beings that are out of sight in the uterus, and call them less than human so that we can kill them also, or use them for our own purposes?'

Dr. Byrne's concerns about the 'slippery slope' are borne out in an article by Robert Truog, Associate Professor of Anaesthesia at Harvard Medical School. Entitled 'Is It Time to Abandon Brain Death?' (Hastings Center Report, January-February 1997), Truog's article draws conclusions similar to those of Byrne and his colleagues. The concept of 'brain death,' Truog writes, is 'incoherent in theory and confused in practice.' He too recommends a return to the traditional definition of death, based on the cessation of respiration and circulation rather than neurological criteria.

However, the difficulty of obtaining organs for transplant troubles Truog. One way to solve this problem, he writes, 'would be to abandon the requirement for the death of the donor prior to organ procurement and, instead, focus upon alternative and perhaps more fundamental ethical criteria to constrain the procurement of organs, such as the principles of consent and nonmaleficence.' In other words, with the prior consent of the donor or surrogate, vital organs would be removed from living donors.

Truog notes approvingly that this approach would open the door to removing organs from patients in a persistent vegetative state and anencephalic newborns. Both these groups are currently barred from being considered potential organ donors. 'The most difficult challenge for this proposal,' Dr. Truog says, 'would be to gain acceptance to the view that killing may sometimes be a justifiable necessity for procuring transplantable organs.'"


Sources:
Article by Monica Seeley, in: San Diego News Notes, 1997.
www.sdnewsnotes.com

Greffes et Don d'Organes : l'Encyclopédie Wikipedia / Transplantation in the Wikipedia Encyclopedia

==> L'Encyclopédie Wikipedia (Français):
les Greffes.

==> Wikipedia Encyclopedia (English):
Organ Donor and Brain-Dead.

Traitement de l’insuffisance rénale au Sénégal : Un mal coûteux et handicapant

Plus de 5 000 personnes souffrent d’insuffisance rénale au Sénégal. Pour soigner cette maladie dont deux des principales causes sont le diabète et l’hypertension, il faut du temps et de l’argent.

Les pieds et les mains de Boubacar ont commencé à enfler, il y a juste 8 mois. Il n’a pas voulu en parler à son médecin, pensant que c’était lié à son diabète. Mais lorsque les vomissements et les étourdissements s’en sont mêlés, il a pris contact avec son médecin. Deux semaines plus tard, tests et examens à l’appui, son médecin lui apprend qu’il souffre d’une insuffisance rénale aiguë. Boubacar a vu le monde s’effondrer sous ses pieds, lorsque son toubib lui a annoncé qu’il aura besoin de dialyse pour rester en vie. À moins qu’il ait les moyens d’aller faire une transplantation rénale ailleurs. 5ooo personnes en souffrent au Sénégal et la maladie semble encore méconnue.

Il existe deux types d’insuffisance rénale, dont l’insuffisance rénale aiguë (Ira) et l’insuffisance rénale chronique (Irc).



L’Ira se caractérise par la diminution brutale du débit de filtration glomérulaire entraînant une rétention azotée et des perturbations hydro-électrolytiques. L’Ira, le plus criant, est souvent noté chez la femme qui accouche, quand celle-ci perd beaucoup de sang et a les reins bloqués. Elle n’urine pas et son corps montre un gonflement, surtout en certains endroits. "Si elle vient tôt, la guérison est possible. Dans le cas contraire, c’est une des causes de la mortalité maternelle", dit le Docteur Boubacar Diouf, néphrologue à l’Hôpital Aristide Le Dantec (Hald).

D’après lui, 60 % des cas d’Ira que l’hôpital Aristide Le Dantec (HALD) reçoit sont des femmes et avec un état issu d’un accouchement.

L’Irc est, elle, un syndrome défini par la baisse du débit de filtration glomérulaire comportant, également, des anomalies hydro-électrolytiques et endocriniennes. Elle est en rapport avec une réduction permanente et définitive du nombre de néphrons fonctionnels (ce qui la différencie de l’insuffisance rénale aiguë ou fonctionnelle). Elle se caractérise aussi par l’insuffisance excrétoire qui aboutit à la rétention de substances normalement éliminées dans l’urine. Quand le malade est atteint de l’Irc, il se fatigue vite, il ne mange pas, ne dors pas et a parfois des troubles de comportements (délires, tremblements, etc).

L’hémodialyse, une technique sûre, mais coûteuse

Selon le néphrologue : “ il y a plusieurs causes dans la survenue de l’insuffisance rénale. Mais, les plus fréquentes sont : le diabète et l’hypertension artérielle. Les cas d’insuffisance rénale, les plus fréquemment traités à HALD, sont aussi liés au diabète et à l’hypertension artérielle. Le malade ne sent pas les signes et quand ils voient le jour, la maladie est déjà très avancée avec la destruction progressive des néphrons. Il est même trop tard pour sauver quoique ce soit...

"Il y a donc une nécessité pour tout sénégalais de faire un bilan de santé chaque année", ajoute Dr Diouf. La bonne connaissance de l’insuffisance rénale chronique, de son évolution et de sa prise en charge sont donc nécessaires pour établir au mieux les indications thérapeutiques. Il arrive que l’Irc perturbe l’ensemble des organes et tissus, parce que chacun de ces éléments est plus ou moins marqué pour un malade donné. En phase terminale, à partir du moment où le rein ne fait plus face aux besoins de l’organisme, l’hémodialyse, la dialyse péritonéale et/ou la transplantation de rein sont les trois possibilités qui peuvent permettre d’avoir un gain de survie. Chez l’adulte, le traitement par dialyse doit débuter dès l’apparition des premières manifestations cliniques.

Au Sénégal, la transplantation rénale est un traitement de choix pour l’insuffisance rénale, mais malheureusement, notre pays ne compte pas encore ni centre de transplantation, ni banque d’organes. La dialyse est donc une alternative plus accessible aux insuffisants rénaux. Selon le médecin de l’Hald , “ la transplantation de rein est la technique la plus séduisante. Mais, le risque ici, c’est que le malade doit utiliser des médicaments immunosuppresseurs qui peuvent parfois entraîner voire faire survenir des infections virales ou leur préparer le terrain ”

La dialyse péritonéale, une alternative pour l’autonomie

La dialyse péritonéale a débuté à Le Dantec en mars 2004. C’est un processus qui permet d’avoir constamment un dialysat dans la cavité péritonéale. Avec ce traitement, le sang est purifié à l’intérieur du corps plutôt que dans un appareil et ce, sans interruption. Selon le docteur Diouf : “ c’est un traitement qui exige du temps et il faut créer un environnement favorable ”. Le dialysat doit être changé à intervalles réguliers au cours de la journée. Grâce à ce processus, le malade peut effectuer sa dialyse à la maison tout en restant branché à l’appareil pendant 8 à 10 heures.

La dialyse péritonéale dure en moyenne 4 h par séance. À l’Hôpital Aristide Le Dantec, les infirmières qui soignent en dialyse péritonéale ont été formées sur le tas et ont fait 6 mois de stage en France. Ndeytou Seck a 42 ans et vit à Saint-Louis. Elle fait la dialyse péritonéale. “ Je me sens beaucoup mieux, maintenant que j’ai commencé à faire le traitement. Surtout que je ne suis plus obligée de venir tous les jours à Dakar pour faire le traitement. Je m’en sors bien ”. Cependant, le risque pour la dialyse péritonéale, c’est qu’elle entraîne des complications infectieuses chez le malade.

La dialyse (voir encadré) ne guérit pas l’insuffisance rénale. Avec ce traitement, le malade peut survivre en menant une existence dite “ normale ”. Mais de nombreuses complications peuvent apparaître à plus ou moins long terme.

Mais, ce ne sont pas là, les seules difficultés avec lesquelles sont confrontées les personnes qui souffrent de ce mal. Le traitement de l’Irc coûte très cher. En effet, dans les structures hospitalières privées, une seule séance d’hémodialyse de 4 heures coûte 100 000 F Cfa, voire plus. Il faut donc entre 200 000 et 300 000 F Cfa par... semaine à un insuffisant rénal chronique pour espérer vivre normalement. Très rares sont les patients qui ont les moyens de se payer les indispensables et fort coûteuses séances d’épuration artificielle du sang. À cela s’ajoute le coût exorbitant des médicaments qu’il faut prendre à vie. Le minimum tourne autour de 15 000 F Cfa par mois. “ Et cela peut aller beaucoup plus, si on y ajoute les médicaments contre l’anémie, car tous ceux qui souffrent d’Irc sont anémiés ”, ajoute le Dr Diouf.

Certains médicaments sont nécessaires pour tenter d’améliorer l’état des malades. Par exemple : l’anémie est corrigée par des injections spéciales ; les carences en calcium et en vitamines sont réglées par des compléments adaptés ; l’hypertension est combattue par des anti-hypertenseurs, etc.

Un mal onéreux ou coûteux

Donc le traitement d’une insuffisance, quelle qu’elle soit, n’est pas à la portée de toutes les bourses. À l’Hôpital Aristide Le Dantec, où officie le Dr Diouf, les séances de dialyse sont chères pour un père de famille. Elles tournent autour de 80 000 F Cfa chacune. Avec la subvention, les malades payent 50 000 F Cfa par séance et à vie. Le malade doit le subir 2 à 3 fois par semaine pour l’Irc. Les fonctionnaires de l’Etat sont les plus privilégiés dans le traitement de cette maladie. Ils payent seulement 10 000 F CFA, soit le 1/5ème et l’Etat complète les 4/5. Par contre, note Dr Diouf, la prise en charge de l’Ira n’est pas cher. Il faut au minimum 2 000 à 3 000 F Cfa par séance.

Mamour Fall est, lui, dialysé depuis 5 ans. Il témoigne : “ j’ai remarqué ma maladie en décembre 1999. J’avais fait 9 jours dans le coma et j’avais des problèmes de vision. Financièrement, je suis fatigué, parce que je n’ai pas de prise en charge. Mais depuis que je suis le traitement, je me sens beaucoup mieux ”. Pour ce chimiste à la retraite, psychologiquement, c’est dur de subir une dialyse pendant toute une vie. "Dès l’instant que les gens te voient manger et parler, ils pensent que tu es guéri. Mais ce n’est pas cela. Pour m’en sortir, j’ai suivi des cours pour me prendre en charge et suivre les interdits alimentaires comme les arachides, dattes, etc. ”, ajoute-t-il le regard lointain et teinté d’un sourire d’espoir.

Ndèytou a, elle, perdu son travail à cause de sa maladie. Dialysée depuis près de 2 ans, elle se dit “ financièrement éreintée et est au chômage depuis 3 ans à cause de sa maladie".

Manque chronique de spécialistes

Selon le Dr Diouf : “ il arrive que le malade ne puisse pas payer ses séances d’hémodialyse. Alors, il les laisse faire gratuitement le traitement. À Aristide Le Dantec, 30 malades souffrent actuellement, d’insuffisance rénale. Il y a seulement 7 unités de dialyse, dont 6 qui fonctionnent. “ Nous les branchons à 6 patients le matin et à 6 autres le soir, ce qui fait 12 patients pris en charge par jour", explique le toubib.

Au Sénégal, il y a seulement 3 néphrologues pour 5 000 malades de rein. Les 3 néphrologues, assistés de 5 infirmières, travaillent tous à l’Hôpital Aristide Le Dantec de Dakar. Certes, cette année, 4 sont en formation et inscrits en 1ère année. Dans 4 ans, ils seront alors 9 néphrologues. Mais ce nombre est toujours insuffisant face à la demande qui s’accroît chaque année. “ Nous recevons au moins 120 nouveaux cas par an ”, précise le néphrologue. Cependant, l’Hald ne dispose pas encore de structures adaptées à la prise en charge, au traitement de l’Irc de l’enfance, alors que la demande est là aussi.

“ Dans cette spécialisation, il y a beaucoup de demandes et d’inscriptions, mais les étrangers sont plus nombreux que les Sénégalais ”, affirme le médecin. Pour pallier ce manque, ajoute le néphrologue, " notre objectif est désormais d’en recruter 8, chaque année, pour les avoir dans tous les hôpitaux". Selon le spécialiste : “ les Sénégalais ont des difficultés financières pour se spécialiser dans un domaine médical donné. "Ce n’est pas attrayant pour le Sénégalais de faire la spécialisation, surtout, avec une bourse de 60 000 F CFA par mois", avance Dr Diouf.

La dialyse ou l’épuration par rein artificiel

La dialyse est un traitement pour les personnes atteintes de l’Irc (Insuffisance rénale chronique) avancée. C’est un appareillage qui permet d’épurer le sang et d’ éliminer les déchets et l’excès d’eau dans l’organisme.

Ce travail est normalement effectué par les reins lorsqu’ils sont en bon état. La dialyse peut être temporaire, mais quand les reins ne fonctionnent plus de façon permanente, le malade a recours à la dialyse à intervalles réguliers, avec comme possibilités, selon les cas : l’hémodialyse et la dialyse péritonéale.

L’hémodialyse est la purification du sang à travers un rein artificiel. Le sang circule à travers un appareil qui comprend un dialyseur (ou "rein artificiel").

Le dialyseur a deux compartiments, séparés par une mince membrane. Le sang passe d’un côté de la membrane et un liquide spécial ou dialysat passe de l’autre. Les déchets et le surplus d’eau passent, à travers la membrane, du sang au dialysat, qui est ensuite jeté. Le sang épuré est ensuite réintroduit dans le système circulatoire. L’objectif de l’hémodialyse est de débarrasser le sang des impuretés et du fluide en excès qu’il contient, et de le complémenter en certains minéraux dont le taux peut être abaissé.

Au Sénégal, de nombreuses personnes diabétiques, en phase terminale ou atteintes de maladies chroniques du rein, sont condamnées à suivre la dure épreuve hebdomadaire d’hémodialyse. Un traitement est indispensable à la survie du malade. Le malade doit ainsi suivre 2 à 3 séances par semaine.

Chaque séance dure en moyenne 4 heures, 4 heures durant lesquelles le patient est obligé de rester branché à la machine. Il ne fait rien d’autre qu’attendre que l’appareil termine sa longue et vitale opération. Chaque semaine, la personne qui souffre d’une insuffisance rénale, si elle veut vivre, doit nécessairement consacrer 8 à 12 heures de son temps à ce processus. C’est la raison pour laquelle, malades et médecins disent que "cette maladie est fort handicapante" pour le père de famille qui ne peut courir derrière la dépense quotidienne, car obligé de faire sa séance. La technique la plus utilisée, à l’Hald, est l’hémodialyse. Elle existe depuis longtemps et c’est la technique la plus sûre, selon le Dr Diouf. Mais son inconvénient, c’est qu’elle demande du temps...

L’insuffisance d’unités, un frein à la prise en charge

Les pannes sont les pires ennemies des unités d’hémodialyse. Les techniciens locaux, capables d’assurer un entretien professionnel, se comptent sur les doigts d’une main. Alors que le Service de néphrologie de l’hôpital Aristide Le Dantec reçoit jusqu’à 15 malades par jour. D’où les difficultés qui se posent aux insuffisants rénaux et même aux néprhologues. Il arrive parfois que des insuffisants rénaux aigus, qui ont besoin d’être pris en charge de toute urgence, soient obligés de prendre leur mal en patience, mettant ainsi leur vie en péril.

Ceci, parce que tout simplement, une unité est en panne et celles qui fonctionnent sont toutes occupées. Les unités d’hémodialyse sont des appareils forts coûteux et sensibles, mais indispensables à la vie de centaines de personnes souffrant de maladie de rein au Sénégal.

El Hadj Fall, est technicien d’unité de dialyse. Nous l’avons trouvé en train de réparer la 7ème unité de dialyse dans une des salles de Le Dantec. El Hadj travaille pour une société étrangère, installée au Sénégal depuis les années 50. Dans les années 80, les machines avaient été installées. Il a commencé à travailler à Le Dantec depuis 2000.

« Cette unité a un problème de pression positive. Nous sécurisons la machine avant de la brancher aux malades. Nous contrôlons les organes de l’appareil », témoigne-t-il. Il explique que « l’unité de dialyse est un appareil qui permet de préparer le bain de dialyse à partir de l’acide de dialyse et du bicarbonate. Les proportions doivent être bien définies afin que la machine fasse un auto-test. La machine surveille l’échange qui se fait entre le bain de dialyse et le sang du malade (dialyse). Elle fait un auto-test d’une vingtaine de minutes avant d’être branchée au malade ».

Selon El Hadj Fall, les pannes les plus fréquentes de l’unité de dialyse sont celles dues aux dépôts calcaires de l’eau. Il y a une unité de traitement d’eau au sein de Le Dantec. L’eau est filtrée, adoucie par l’extirpation du calcaire et grâce à l’osmose, elle subit une épuration quasi-totale.

Selon le technicien, la durée de vie d’une unité de dialyse dépend de la fréquence d’utilisation (10 ans au minimum). Une machine de ce genre peut coûter environ 10 millions de francs Cfa. Celles qui coûtent plus ont plusieurs fonctions. « Les pannes sont fréquentes. On ne peut pas faire 2 semaines sans tomber en panne », ajoute t-il. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles l’Ambassade d’Israël à Dakar a offert, en 2004, des unités d’hémodialyse à l’Hôpital Principal de Dakar. Chaque période déterminée, un technicien israélien vient à Dakar pour la maintenance de ces unités.

Les néphrologues de l’Hald sont, aussi, confrontés à l’insuffisance chronique des unités de dialyse. Selon le Dr Diouf, « le parc qui existe depuis 1984 est insuffisant. Alors que le Mali et la Mauritanie, des pays qui ont commencé récemment, disposent respectivement de 15 et 20 unités de dialyse". Un dossier transmis au ministère de tutelle est en instance. Les responsables de l’unité d’hémodialyse de l’Hald attendent toujours la réaction des autorités, qui ont toutefois montré un engagement politique pour trouver une solution. Mais les lenteurs administratives retardent la validation du dossier pour que cela avance », soutient le néphrologue de l’Hald.


Source :
Le Soleil : Quotidien Sénégalais d'information générale.
Reportage de SIKIRATOU AHOUANSOU

The American Journal of Bioethics (AJOB)

What is AJOB?

Founded in 1993 as the first bioethics website, bioethics.net and The American Journal of Bioethics (AJOB) have grown to become the most read source of information about bioethics, visited millions of times every month by readers from around the world and every walk of life. Today, AJOB is published in print and online by Taylor & Francis Group and housed at bioethics.net. Its editorial offices at the University of Pennsylvania Center for Bioethics are available by telephone (267-979-2096). Editor-in-Chief Glenn McGee, Ph.D., Associate Editor David Magnus, Ph.D., Executive Managing Editor Kelly Carroll, and Electronic Media Editor J. John Kwon are all based at Penn Bioethics.


==> Access Bioethics.net
==> Access Blog Bioethics.net

Non-heart beating donation

Introduction
Prior to the introduction of brain-stem death into law in the mid to late 1970s, all organ transplants from cadaveric donors came from non-heart beating donors (NHBD).

Brain-stem dead donors, however, lead to better results as the organs were perfused with oxygenated blood until the point of perfusion and cooling at organ retrieval, and so non-heart beating donors were generally no longer used except in Japan, where brain-stem death was not legally (until very recently) or culturally (still) recognised.

However, a growing discrepancy between demand for organs and their availability from brain-stem dead donors has lead to a re-examination of using non-heart beating donors, and many centres are now using such donors to expand their potential pool of organs.



Tissue donation (corneas, heart valves, skin, bone) has always been possible for non-heart beating donors, and many centres now have established programmes for kidney transplants from such donors. A few centres have also moved into NHBD liver and lung transplants. Many lessons have been learnt since the 1970s, and results from current NHBD transplants are comparable to transplants from brain-stem dead donors.

Maastricht classification
NHBDs are grouped by the Maastricht classification (1995; amended 2003):

I Brought in dead
II Unsuccessful resuscitation
III Awaiting cardiac arrest
IV Cardiac arrest after brain-stem death
V Cardiac arrest in a hospital inpatient (new category, 2003)

Categories I and II are termed uncontrolled and categories III to V are controlled. Only tissues can be taken from category I donors. Category II donors are patients who have had a witnessed cardiac arrest outside hospital, have cardiopulmonary resusciation by trained paramedics commenced within 10 minutes but who cannot be successfully resuscitated. Category III donors are patients on intensive care units with non-survivable injuries who have treatment withdrawn; where such patients wished in life to be organ donors, the transplant team can attend at the time of treatment withdrawal and retrieve organs after cardiac arrest has occurred.

Organs that can be used:
Kidneys can be used from category II donors, and all organs except the heart can potentially be used from category III, IV and V donors. An unsuccessful kidney recipient can remain on dialysis, unlike recipients of some other organs, meaning that a failure will not result in death.

Kidneys from uncontrolled (category II) donors must be assessed with care as there is otherwise a high rate of failure. Many centres have protocols for formal viability assessment. Relatively few centres worldwide retrieve such kidneys, and leaders in this field include the transplant units in Maastricht (the Netherlands), Newcastle upon Tyne and Leicester (United Kingdom), Madrid (Spain), and Washington, DC (United States).

Livers and lungs for transplant can only be taken from controlled donors, and are still somewhat experimental as they have only been performed successfully in relatively few centres. In the United Kingdom, NHBD liver transplants are currently only performed in Newcastle upon Tyne, Leeds and King's College Hospital London.

Procedure for uncontrolled donors
Following declaration of death, cardiopulmonary resusciation (CPR) is continued until the transplant team arrive. A stand-off period is observed after cessation of CPR to ensure that death has occurred; this is usually from 5 to 10 minutes in length and varies according to local protocols.

Once the stand-off period has elapsed, a cut down is performed over the femoral artery, and a double-balloon triple-lumen (DBTL) catheter is inserted into the femoral artery and passed into the aorta. The balloons are inflated to occlude the aorta above and below the renal arteries (any donor blood specimens required can be taken before the top balloon is inflated). A pre-flush with streptokinase or another thrombolytic is given through the catheter, followed by 20 litres of cold kidney perfusion fluid; the opening of the lumen is between the balloons so that most of the flush and perfusion fluid goes into the kidneys. Another catheter is inserted into the femoral vein to allow venting of the fluid.

Once full formal consent for organ donation has been obtained from relatives, and other necessary formalities such as identification of the deceased by the police and informing the Coroner (in the UK), the donor is taken to the operating room, and the kidneys and heart valves retrieved.

Procedure for controlled donors
If the liver or lungs are felt to be suitable for transplantation, then the donor is usually taken directly to the operating room after cardiac arrest, and a rapid retrieval operation is performed once a 10 minute stand-off period has elapsed. This is similar to a normal multi-organ retrieval, but prioritises rapid cannulation, perfusion and cooling with ice, with dissection following later.

If only the kidneys are suitable for retrieval, either rapid retrieval or cannulation with DBTL catheter can be used. Use of a DBTL catheter allows relatives of the deceased to see them after death, but the donor must be taken to the operating room as soon as possible.

The formalities necessary for donation can usually be carried out prior to treatment withdrawal in controlled donation, so early retrieval should be possible.

Category IV donors (who are already brain-stem dead), should either proceed as for a normal multi-organ retrieval – if this has already started – or should be managed as a category II or III as appropriate to the circumstances of cardiac arrest.

Results of NHBD transplantation
NHBD kidney transplantation, from both controlled and uncontrolled donors, has been shown to have almost identical graft survival times and long-term function as kidneys from brain-stem dead donors. In the short-term they are prone to delayed graft function of around 7-14 days (this does not affect long term function in NHBD kidneys) and have a failure rate of around 5-10% (compared to 3-5% for kidneys from brain-stem dead donors).

There is not as much long-term data for NHBD liver transplants, but published results are promising. Unlike in kidneys, where delayed graft function simply means a need for dialysis, delayed graft function in livers is fatal, which is why only controlled donors are used for livers. Intra-hepatic biliary strictures are a complication more common in NHBD livers than in brain-stem dead donors. Many transplant surgeons feel that NHBD livers should not be used to transplant acutely sick patients with acute liver failure.

Long-term data on NHBD lung transplants is not yet available.

Ethical issues
Certain ethical issues are raised by NHBD transplantation, and require due sensitivity to ensure that ethical standards are maintained.

In category II uncontrolled donors, the donor may die and the transplant team arrive before the donor's next-of-kin can be contacted. It is controversial whether cannulation and perfusion can be started in these circumstances. On one hand, it can be considered a violation of the potential donor's autonomy to cannulate before their in-life wishes are known. On the other hand, delay in cannulation may mean that a patient's strongly-held wish to be donor cannot be respected. Many ethicists also feel that a doctor's duty of care to the still living outweighs any duty of care to the dead. The compromise reached is usually to cannulate if there is any evidence of a wish to donate (such as a donor card or registration as a donor) even in the absence of next-of-kin.

For category III donors, treatment is being withdrawn from a living person, who will then die and become a donor. It is important that the decisions that injuries are non-survivable, continued treatment is futile and that withdrawal is in the patient's best interests be made completely independently of any consideration of suitability as an organ donor. Withdrawal of life-prolonging treatment in the face of a hopeless prognosis should be a standard part of patient care, irrespective of whether a patient can be a donor. Only after such decisions have been firmly made should a patient be considered as a potential organ donor. Although such treatment can be continued until the transplant team arrive, no additional treatment should be started to improve the organs – until the point of death, the patient should be treated exactly as any other dying patient.

Source: Wikipedia, the free encyclopedia.
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Canada : 'Sacré-Coeur' met en relief l'importance des dons d'organes

55 vies sauvées en 2004

L’hôpital du Sacré-Coeur a mis en relief l’importance des dons d’organes pour assurer la survie de nombreux patients lors d’une rencontre dans le cadre de la Semaine nationale du don d’organes et de tissus.

En 2004, la prise en charge de donneurs potentiels d’organes par l’hôpital a permis de prélever sur des patients décédés, des organes qui ont sauvé la vie de 55 personnes.



La contribution des médecins, infirmières et inhalothérapeutes au processus d’identification et de maintien des donneurs potentiels en vue d’un prélèvement d’organes a été soulignée.

Un hommage a également été rendu aux familles des donneurs, sans le consentement desquelles l’hôpital ne peut procéder aux prélèvements. Des membres des familles de trois donneurs étaient d’ailleurs présents à la rencontre, au cours de laquelle on a pu entendre le témoignage d’un bénéficiaire du don d’organes, Jean Gravel.

Un greffé témoigne :
Âgé de 40 ans, marié et père de trois enfants, cet ingénieur et administrateur dans l’industrie aéronautique a été terrassé, à 37 ans, par une myocardie virale fulgurante qui lui a littéralement détruit le cœur. Branché à un cœur mécanique, M. Gravel n’a eu que deux semaines à attendre avant qu’on lui greffe un nouveau cœur. Depuis, il a repris ses activités, il mène une vie normale et est en pleine forme.

Au cours de son intervention, M. Gravel a indiqué qu’un seul donneur d’organes pouvait contribuer à sauver jusqu’à huit vies: une avec le cœur, une autre avec le pancréas et deux chacune avec le foie, les poumons et les reins. Il a ajouté qu’à la fin de l’année dernière, 872 patients étaient en attente d’une greffe dont 626 pour un rein, 103 pour le foie, 42 pour un poumon, 34 pour le cœur et 23 pour le pancréas. Jean Gravel a exprimé l’espoir que de plus en plus de personnes affirment à l’avance leur volonté de consentir au don d’organes à leur décès, afin de permettre plus de transplantations et de réduire au maximum les délais d’attente pour une greffe.

Avertir les proches
Actuellement, même si 80% des Québécois se disent d’accord avec les dons d’organes, 60% seulement signent sur leur carte d’assurance maladie le consentement à ce qu’on prélève leurs organes au moment de leur mort. De plus, 30% des familles des donneurs potentiels refusent les prélèvements même si leur proche décédé a signé un consentement.

À ce propos, l’hôpital du Sacré-Cœur recommande aux gens non seulement de signer le consentement à l’endos de leur carte d’assurance maladie, mais également d’en prévenir leurs proches afin de s’assurer que leur décision sera respectée le moment venu.

Source :
Courrier Ahuntsic (Canada)
Véronique Leduc
veronique.luduc@transcontinental.ca

Médecine de pointe et transplantations en Suisse : la concurrence est rude !

"Dans la partie de poker que se sont livrée Zurich et Berne pour les transplantations du cœur, l'Inselspital à Berne a fini par l'emporter":

"Il a fallu six ans aux directeurs de la Santé pour se donner les moyens de coordonner la médecine de pointe. Dans la dernière ligne droite, Zurich veut renégocier et menace de tout faire capoter. Une réunion de la dernière chance est prévue le 25 août. En attendant, la concurrence règne. A tout prix.

Mort clinique ou malaise passager? Le 25 août, le comité directeur de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS) se réunit pour tenter de sauver la coordination de la médecine de pointe. Une convention fixant les bases de cette coordination avait déjà obtenu la ratification de plusieurs cantons lorsque Zurich a brutalement coupé court le 15 juillet et demandé une renégociation du texte. Dans le même souffle, la directrice de la Santé, Verena Diener, a annoncé que l'Hôpital zurichois refusait d'abandonner les greffes du cœur comme le prévoyait le plan élaboré par la CDS pour la médecine de transplantation (LT du 16.07.05).

Son argument est simple:



il est absurde de disperser les prestations de pointe sur plusieurs sites concurrents. Un seul hôpital universitaire de qualité assurant toutes ces prestations est suffisant pour la Suisse alémanique et la place naturelle de cet hôpital est dans la capitale économique du pays, à deux pas de l'EPFZ.

Rationalité économique contre convivialité confédérale? Le débat n'est pas tout à fait aussi simple. Regrouper les prestations hautement spécialisées sur un seul site, d'abord, n'est pas forcément moins cher, relève Markus Trutmann, collaborateur scientifique à la CDS. Tout dépend du montant des investissements fixes. L'absence de concurrence, relève de son côté Andreas Faller, secrétaire général du département bâlois de la Santé, n'est pas forcément un avantage économique. Et ce sont surtout des considérations de qualité qui militent pour un regroupement de certaines activités: en dessous d'un certain seuil, une équipe ne pratique pas assez d'actes pour bien les maîtriser.

Mais de combien d'hôpitaux universitaires la Suisse devrait-elle, idéalement, disposer? Les spécialistes hésitent entre deux et trois – soit un hôpital universitaire pour deux à trois millions d'habitants. Mais il n'existe pas, dans ce domaine, de raison pure. 'Si on pense en termes abstraits, le plus rationnel est d'opérer de grands regroupements, analyse Bernard Gruson, directeur des Hôpitaux universitaires genevois. Mais ensuite, on regarde le terrain, et on voit qu'ici on a une très bonne équipe qui travaille depuis des années dans un domaine donné et a déjà absorbé de nombreux investissements, que là une autre équipe présente les mêmes avantages pour une autre discipline...'

Cette prise en compte des réalités du terrain a amené un groupe d'experts mandaté par Charles Kleiber en 2003 à préconiser trois centres d'enseignement universitaire de la médecine: un réparti entre Genève et Lausanne, un entre Bâle et Berne, et le troisième à Zurich. Théoriquement, tout le monde ou presque est d'accord que la solution a pour elle la logique économique et l'efficacité. Genève et Lausanne d'un côté, Berne et Bâle de l'autre ont d'ailleurs déjà entamé une collaboration qui devrait se développer à l'avenir. Pratiquement, toutefois, les choses s'avèrent vite plus difficiles. Ainsi, si Genève et Lausanne ont réussi à se partager assez harmonieusement les greffes d'organes, d'autres dossiers évoluent plus difficilement.

Ce qui bloque? Des questions de personnes et de prestige d'abord: 'La médecine de pointe, explique Luc Schenker, directeur financier du CHUV, c'est le portier devant le cinq-étoiles.' Mais aussi des considérations à la fois plus concrètes et plus difficiles à identifier avec précision: l'effet boule de neige que l'arrivée ou le départ d'une discipline de pointe peut exercer sur le reste de l'activité clinique d'un hôpital, voire sur le développement économique d'une région. 'Si vous faites des greffes du cœur, explique un spécialiste, vous allez aussi développer la prise en charge des affections cardiaques terminales. Si vous n'en faites plus, à la longue, vous risquez de cesser d'avoir un secteur cardiologique de premier rang.'

C'est un aspect. L'autre est lié au marché très convoité des biotechnologies. Aucun automatisme n'oblige à développer la recherche sur tel moyen thérapeutique là où, justement, exerce un médecin spécialisé dans la discipline qui pourrait l'utiliser. Mais dans les faits, les choses se passent souvent ainsi. Et cela explique sans doute pourquoi certains domaines d'excellence sont plus recherchés que d'autre. 'Personne, remarque malicieusement l'économiste de la santé Gerhard Kocher, ne se bat pour avoir le meilleur de tous les hôpitaux psychiatriques.'

La solution, pour vaincre les réticences et minimiser les dégâts liés à un renoncement? 'Il faut que la collaboration intervienne sur la base d'un réseau', assure Bernard Gruson, de manière à ce que les équipes restent en contact. C'est un point. Mais, estime Luc Schenker, cela ne suffit pas: 'Si on attend que les gens se mettent d'accord, on n'y arrivera jamais. Il faut que la Confédération impose une planification.'

Le coup d'éclat zurichois semble lui donner raison. Dans cette affaire, la politique l'a emporté sur la raison économique. Dans le choix de demander à Zurich de céder les greffes du cœur dans un premier temps – 'tout le monde cédait quelque chose, il fallait que Zurich fasse de même', commente un proche du dossier. Puis dans le revirement de Verena Diener, sans doute largement conditionné par la mauvaise humeur d'une partie de la classe politique face aux sacrifices consentis au titre de la péréquation financière.

La réunion du 25 août, veut espérer Markus Trutmann, peut encore sauver les meubles. A Bâle et à Berne, en tout cas, on affirme s'y rendre, même déçu de la position zurichoise, avec un esprit ouvert. En cas d'échec, la balle sera dans le camp de la Confédération, qui dispose d'une marge d'intervention dans le cadre du remboursement des prestations. Mais cette dernière n'est pas particulièrement tentée. 'Pascal Couchepin, résume son porte-parole, Jean-Marc Crevoisier, exhorte les cantons à s'entendre. Ils sont les mieux placés pour trouver une solution raisonnable.' Et les difficultés évoquées plus haut ne disparaîtront pas par enchantement du simple fait que la classe politique fédérale s'en mêle."



Source :
www.letemps.ch
Article par Sylvie Arsever
© Le Temps, 2005.

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Zurich, numéro un incontesté, exaspère :
Berne et Bâle font front.

"Dans la partie de poker que se sont livrée Zurich et Berne pour les transplantations du cœur, l'Inselspital à Berne a fini par l'emporter. Star incontestée, le chirurgien Thierry Carrel est finalement resté dans la ville des ours. L'incertitude planant sur le maintien des greffes du cœur à Zurich et la stratégie incertaine de Verena Diener auront certes pesé dans la balance. Mais, fort de sa réputation, Thierry Carrel a obtenu des améliorations financières substantielles pour sa discipline à Berne. La concurrence a un son prix, et il est lourd pour un canton fortement endetté comme Berne. Le but de la concentration de la médecine de pointe serait précisément de mettre un frein à cet engrenage. Mais pour le moment, les trois hôpitaux universitaires alémaniques font tout pour améliorer leur position de départ.

Zurich se taille incontestablement la part du lion, que les deux autres institutions ne lui contestent pas. Avec 3 millions d'habitants, la région qu'il dessert s'étend grosso modo sur tout l'est et le centre de la Suisse, à partir de la ligne de démarcation de la Reuss environ. Il offre pratiquement toutes les interventions de pointe visées par la convention. Cela ne justifie toutefois pas que le canton réclame une situation de monopole, fait remarquer acidement Rita Ziegler, directrice de l'Hôpital universitaire de Bâle (USB). Bâle, le plus petit des trois, sait qu'il doit jouer la concertation et le réseau. Son bassin de population reste limité même si le canton s'efforce de gagner des patients alsaciens et badois. L'hôpital n'a par exemple jamais offert les greffes des poumons et du foie. Mais dans les domaines où il excelle, comme les transplantations du rein d'un donneur vivant, qu'il a introduit le premier, ou de la moelle épinière, il ne veut pas s'en laisser remontrer par Zurich. Rita Ziegler: 'Même si nous sommes en tête, cela ne veut pas dire que toutes les transplantations du rein doivent avoir lieu chez nous. Au contraire. Mais en tant que centre de compétence, nous avons la responsabilité de la recherche, de garantir des standards minimaux et du contrôle de qualité.'"


La concurrence, à quel prix?

"Berne a une tradition d'excellence à défendre: le chirurgien Theodor Kocher, Prix Nobel de médecine en 1909, a préféré rester à l'Inselspital pendant toute sa carrière, refusant les nombreuses offres d'hôpitaux du monde entier. Et Maurice E. Müller, qui a financé le fameux centre Paul Klee récemment ouvert, était un pionnier de l'orthopédie qui a lancé le domaine des hanches artificielles à l'hôpital bernois. L'Inselspital, avec une clientèle potentielle de 2 millions d'habitants, a montré qu'il était prêt à tout pour garder Thierry Carrel. La question se pose toutefois: à quel prix? L'établissement affiche son intention de développer ses points forts, comme la chirurgie cardiaque et la détection précoce des attaques cérébrales et des tumeurs. Urs Birchler, président de la direction, précise: 'L'Inselspital a tout à fait les moyens de financer son offre actuelle. Le conseil d'Etat bernois soutient notre stratégie. Nous voulons devenir un hôpital universitaire à rayonnement international et nous établir comme centre hautement spécialisé pour la médecine tertiaire, y compris les transplantations.'

Autre réponse indirecte, les cantons de Berne et Bâle-Ville, alliés objectifs contre l'hégémonie zurichoise, veulent unir leurs forces et ont fait l'inventaire des possibilités de collaboration. Des rencontres ont déjà lieu régulièrement entre les directions des deux établissements hospitaliers. Qui échangent également des représentants dans les commissions de nomination pour les professeurs. Le rapprochement au niveau clinique n'en est qu'à ses débuts."


Spécialités de pointe :

"La convention intercantonale que certains espèrent encore sauver dresse l'inventaire des domaines de médecine de pointe à concentrer.

Chirurgie cardiaque pédiatrique : Zurich vient en tête, avec 50% de toutes les interventions, Berne suivant avec 27%, devant Lausanne (13%) et Genève (7%).

Neuroradiologie interventionnelle : Sous ce terme se cache le moyen d'accéder à une lésion du cerveau par une ponction à l'aide d'une aiguille ou à travers le système vasculaire grâce à un cathéter. Cette forme de traitement est offerte dans tous les hôpitaux universitaires, ainsi qu'à Aarau, Zurich est le principal centre selon le nombre d'intervention. Berne dispose d'une unité de dépistage précoce et d'intervention en cas d'attaque cérébrale. Un domaine prédestiné à la concentration en raison du manque général de relève en neurochirugie, et des vacances attendues à la tête de presque tous les instituts universitaires.

Transplantations : Genève et Lausanne fonctionnent quasiment comme un seul centre, Berne est incontestablement leader pour le coeur, Bâle pour les reins, et en général dans le domaine de l'immunologie.

Chirurgie de l'hypophyse : Offerte dans 11 hôpitaux. La clinique privée zurichoise Im Park est le principal centre de Suisse, avec Bâle et Berne.

Transplantation de la moelle osseuse, c'est-à-dire subsitution de cellules souches localisées dans la moelle osseuse qui sont responsables de la production de tous les composants du sang (hématopoïétiques). Domaine d'excellence de Bâle, suivi de Lausanne et Zurich.

Protonthérapie : Méthode de traitement radiothérapeutique de tumeurs à l'aide de protons à haute énergie. Seul l'Institut Paul Scherrer à Villigen, dépendant du conseil des Ecoles polytechniques, possède une telle installation. Genève a renoncé à en construire une.

Ophtalmologie : Compétences très réparties, Lausanne étant le leader pour le traitement des tumeurs, Bâle pour la chirurgie de l'orbite et la pathologie oculaire, Zurich pour les greffes de la cornée."



Statistiques hospitalières: des pommes et des poires :

"Difficile, en Suisse, de faire des comparaisons intercantonales qui se tiennent. Dans l'infographie qui accompagnait notre Temps fort sur la coordination de la médecine de pointe, nous avons ainsi publié pour les Hôpitaux universitaires genevois (HUG) des chiffres qui ne peuvent guère être comparés avec ceux des autres hôpitaux universitaires suisses. Les HUG comprennent en effet non seulement les soins aigus mais également la psychiatrie (ce qui est également le cas de l'ensemble CHUV-hospices pour Vaud), la psychiatrie gériatrique et la réadaptation qui peuvent impliquer des séjours beaucoup plus long. La durée moyenne de séjour est ainsi de 190 jours pour l'hôpital de Loëx (réadaptation), ce qui fausse bien sûr la comparaison avec des hôpitaux universitaires ne pratiquant que les soins aigus.

L'activité des HUG pour les soins aigus en 2004 est reflétée par les chiffres suivants: 1166 lits, 40 422 admissions, une durée de séjour moyenne de sept jours, un budget de 823 077 francs et 6636 postes. En outre, l'activité en chirurgie pédiatrique des HUG était reflétée, dans le même Temps fort, de façon incomplète. La proportion d'opérations attribuée aux HUG (7%) ne tenait pas compte d'un nombre important d'opérations effectuées sur des enfants venus de l'étranger dans ce but, notamment par le biais de l'organisation Terre des hommes. Si l'on tient compte de l'ensemble des interventions, les HUG ont réalisé, en 2003, 22% de l'ensemble des opérations de chirurgie cardiaque effectuées en Suisse."


Source :
www.letemps.ch
Articles par Catherine Cossy, Zurich
© Le Temps, 2005.